Page 35 - Bouvet Jacques
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turée des idées du déiste Rousseau. La Terreur
empirait toujours; tout culte, excepté celui de la
Raison, était proscrit ; les églises étaient démolies
ou vendues et livrées aux usages profanes. Tous
le1 monuments de la superstition, autels, croix,
cloches et autres objets du culte disparaissaient.
Les signes de la féodalité, armoiries, titres nobi-
liaires, tourelles, terriers, étaient supprimés et
détruits, comme de honteux monuments de servitude.
En retour, on subissait une misère affreuse et
l'argent se cachait. C'était le règne des assignats,
du maximum, de la loi des suspects ; on avait la
grande réquisition militaire de dix-huit à vingt-
cinq ans, le tribunal révolutionnaire, la guillotine
en permanence.
Pour faire fonctionner ce système terroriste, la
Convention venait d'envoyer à la Savoie le fa-
meux Albite, plus terrible que tous les commis-
saires qui l'avaient précédé. Les quelques prêtres
insermentés, qui n'avaient pas émigré ou qui
étaient rentrés sur le sol de la République, étaient
traqués comme des bêtes fauves. Déjà l'abbé
Vernaz, de Chevenoz, et l'abbé Morand, du Biot,
avaient été, à défaut de guillotine, fusillés à
Thonon, le premier, le 22 février, et le second, le
14 mai de l'année 1794. Un horrible serment
d'apostasie fut prescrit, par la seule autorité
d'Albite, à tous les prêtres résidants, quels qu'ils
fussent, insermentés, schismatiques, constitution-
nels, ou intrus. Le malheureux Panisset, évêque
intrus du Mont-Blanc, venait encore de mettre le
comble à sa prévarication par la prestation de ce