Page 32 - Bouvet Jacques
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un maquignon, il s'adressa à son père en patois :
cc Et ces cochons, te dlcides-tu à les vendre ? -
Tout de même. - Combien en demandes-tu '? -
Ils sont à l'écurie; va les voir et puis on s'en re-
parlera.» Le maquignon ne rentra pas.
On était encore en 93 ; un régime affreux régnait
sur toute l'étendue de la république et le district
de Thonon était pourvu de quelques patriotes dé-
terminés. Déjà, le 18 août, des citoyens trop com-
plaisants, commissaires de ce district, avaient
ordonné de descendre les cloches.
La tentative des Piémontais dans le midi de
la Savoie ayant échoué vers cette époque, les
r2présentants du peuple français près l'armée des
Alpes rendent un arrêt par lequel, cc attendu que
« les prêtres fanatiques avaient distribué des
« armes pour s'en servir contre la République ...
« et qu'il est dangereux d'en laisser entre les
« mains d'individus fanatisés et égarés, ordonnent
C( le désarmement. dans les vingt-quatre heures,
« sous peine d'être traités comme traîtres et re-
« belles à la Patrie ».
Quoique ce projet de soulèvement eût de pro-
fondes ramifications jusque dans les vallées
d'Aulps, d'Abondance et dans d'autres commu-
nes rurales plus voisines des villes, M. Bouvet,
qui voyait trop bien l'impossibilité d'un succès
durable contre les forces républicaines et qui crai-
gnait les vengeances de la nation sur ces braves
campagnards, avait été bien éloigné de leur con-
seiller la révolte. Le repentir ne se fit pas attendre,.
surtout quand on vit d'écrasantes amendes venir