Page 28 - Bouvet Jacques
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Ce que l'on sait, c'est que jamais il ne prêta
ni ce serment, ni celui qui ne tarda pas à le suivre,
et que, au lieu d'émigrer, il prit résolument le
parti de demeurer dans son pays natal et de s'y
mettre au service des âmes dont il prévoyait
l'abandon.
Mais, comment éviter les pénalités édictées par
les proconsuls révolutionnaires ? Il fallait, pour
espérer y réussir, qu'il se condamnât à une vie
errante, à une existence pleine de privations, de
fatigues, d'insomnies et d'alarmes. « Mais, dit
« M. Vuarin, la Providence, qui, dans les petites
« choses, comme dans les grandes, ménage tout
« avec sagesse pour l'accomplissement de ses des-
cc seins de miséricorde sur chaque individu, comme
c< sur chaque peuple, lui avait donné un tempé-
cc rament fort et vigoureux, et la tournure d'un
(( bon montagnard. Sa constitution physique lui
« servit beaucoup dans ses excursions de mission-
cc naire, pour échapper aux mouchards révolu-
cc tionnaires. Il avait adopté un costume, des allu-
« res et un nom analogue. Il n'était connu que
<c sous le nom de l'Oncle Jacques. Il empruntait
« et variait les instruments d'une profession qu'il
<c était capable d'exercer. Ici il portait un peigne
« de chanvre, là une truelle, ailleurs une besace. n
Quoique dans son pays natal même il ne fût
pas à l'abri des dangers et des pièges, il était plus
favorablement placé pour échapper aux pour-
suites des républicains, et, moyennant quelques
travestissements et de fréquents changements de
gîte, moyennant des avis sûrs qu'il recevait de