Page 25 - Bouvet Jacques
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celle du Biot, éclairée par le professeur, M. Bou-
vet, en qui elle avait pleine confiance, résista à
l'entraînement général et lui confia le mandat
d'aller la représenter à Chambéry. Elle ne pouvait
se donner un député dont le patriotisme et la
probité politique fussent plus incontestables.
L'abbé Bouvet comprenait l'importance et la
difficulté de son mandat ; il ne se méprenait pas
sur les aspirations turbulentes des novateurs poli-
tiques, surtout de la jeunesse lettrée des villes,
mais il n'était pas homme à faillir à sa foi patrio-
tique. Pendant que, sur soixante-une communes
représentées du Chablais, soixante furent pour
l'incorporation à la France, une seule voix osa se
déclarer contre cette annexion : ce fut celle de M.
Bouvet. A l'article Députés des communes de la
Savoie, M. Dessaix, dans son Histoire de la réunion
de la Savoie à la France, écrit ceci :
Bouvet Jacques, prêtre, le Biot, Chablais, répu-
blique indépendante.
Pour se rendre compte de ce vote, il faut savoir
qu'à l'entrée des Français en Savoie, ce pays av-ait
été abandonné sans défense; Montesquiou s'em-
para de Chambéry sans coup férir ; le peu de
troupes que le roi Victor-Amédée III avait en
Savoie s'étaient repliées sur la Maurienne sans
brûler une amorce. Dans cet état de choses, il eût
été impossible et presque absurde de voter pour le
retour de la Savoie au roi de Sardaigne. En votant
pour une république indépendante, ce courageux
mandataire prenait la position la plus libérale ; il
réservait à son pays son autonomie et son indé-