Page 27 - Bouvet Jacques
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les défendant. Le refus du serment entraînait le
bannissement, sous forme de déportation à la
Guyane.
Cette proclamation était le renversement du
culte catholique et son remplacement par un si-
mulacre de religion de fabrique révolutionnaire.
A la réception de cette pièce, ce fut la stupeur
et la consternation dans toute la Savoie. M. de
Thiollaz, prévôt de la cathédrale d'Annecy, en
l'absence de M. Paget, qui avait déjà émigré,
rédigea une déclaration très ferme, par laquelle
il traçait au clergé la direction à suivre pendant
la période de persécution qui commençait.
Nous ignorons si M. Bouvet était à Rumilly,
dans le moment où il s'agissait, pour le clergé, de
prêter le serment prescrit par les commissaires de
la Convention. Un prêtre savoyard, le fameux
Simond, était un de ces quatre dictateurs ; M.
Bouvet l'avait connu au grand séminaire d'Anne-
cy, en 1778 et 1779 ; il avait pu connaître la con-
duite postérieure de ce déplorable abbé, ainsi que
son apostasie. On juge bien de l'horreur que de-
vait inspirer à M. Bouvet un serment inventé par
l'impiété et prêté par ce prêtre prévaricateur; au
reste, c'eût été faire acte d'adhésion à la constitu-
tion civile du clergé, machination humaine et
schismatique, que d'obéir à une proclamation qui
l'inaugurait en Savoie. M. Bouvet était à la fois
trop instruit et trop bon prêtre, pour ne pas re- >
fuser le serment exigé, même avant de connaître la
déclaration de M. de Thiollaz et la condamnation
dont Pie VI ne tarda pas à le frapper.