Page 186 - Bouvet Jacques
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                «  Au  mois  de  novembre 1794, j'ai quitté les  montagnes
              «  de  la  vallée  du  Biot  et  j'ai  commencé  à  descendre  au
    1         «  Lyaud, où j'ai été reçu  avec joie. Je me suis retiré chez
    i  '      •  Joseph Fillon, dit l' Epeni, et chez les  parents du prêtre
              •  Randon  (décédé chanoine  à Belley, dont le  corps repose
              •  au  Lyaud).  J'ai  dit  la  messe  et  administré  les  Sacre-'
              •  ments  dans  plusieurs  maisons  du  village,  et quelquefoi&
              •  même  à  la  chapelle.  J'ai  fait  la  première  communion,
              •  dans une grange, à  une foule d'enfants de presque toute
              •  la  côte,  et,  dans  une  seule  matinée,  à  deux  cents  per-
              •  sonnes  de  Thonon.  Le  grand-vicaire  Bigex m'envoyait
              •  de  Lausanne  (Suisse)  ses  Etrennes  religieuses,  précieux
             •  livres  que j'ai distribués dans toutes les  communes  voi-
             •  sines, où je circulais souvent pendant la nuit.  Les petits
             •  enfants  qui  venaient  se  confesser  à  tous  les  quatre-
             •  temps  m'apportaient  chacun  un  œuf.  J'en  faisais  ces-
             •  sion  aux  gens  qui  me  nourrissaient;  c'est toute la  pen-
             •  sion  que  je  leur  ai  payée.
               •  En l'automne de 1798, les habitants du Lyaud ont bâti
             •  des  tribunes  à  leur église,  soit chapelle ; ils  y  ont aussi
             •  placé  des  fonts  baptismaux ;  le  tout  proprio  motu  :
             •  de  leur  propre  mouvement.  Dans  l'été de  1799,  ils  ont
             •  abattu  la  muraille  qui  séparait le  chœur  de  la  nef.  La
             •  cloche s'étant cassée en  1801, les habitants se  sont coti-
             •  sés  pour s'en  procurer une neuve,  que  je bénis le  21  fé-
             •  vrier  1802.
                       «  En  foi  de  quoi  :  Jacques  BouvET,
             •  Missionnaire  à  l'archiprêtré  de  la  côte  du  Chablais.  •
               Il doit sortir des  prodiges d'un sol si  généreusement fé-
             condé  par tant de  sueurs  apostoliques.
               Aussi  cette  population,  en  1859,  et  par  souscriptions
            volontaires,  a  fait  construire  une  superbe  église  à  trois
             nefs, l'une des  plus  belles  du Bas-Chablais.  Il  n'en devait
            pas être autrement d'un peuple dont les pères avaient osé
            réparer  une  chapelle  en  des  jours  où  le  culte  catholique
            était proscrit, au moment où  frémissait encore le  marteau
            sacrilège,  qui  venait  d'abattre  partout les  autels ...
                                                 L'Abbé  V.  S.
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