Page 185 - Bouvet Jacques
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N° 11
Le Lyaud
(Extrait du Courrier des Alpes, du 21 novembre 1863.)
Il est pour les populations des souvenirs historiques
qu'elles doivent conserver avec un religieux respect. La
commune du Lyaud en possède quelques-uns qui méritent
d'être connus : ils serviront de liens entre les gloires de son
passé et les joies actuelles.
Par lettres-patentes du 5 octobre 1598, données et si-
gnées à Thonon, Charles-Emmanuel, duc de Savoie, nom-
ma une commission pour dresser un inventaire des biens
ecclésiastiques du Chablais, tels qu'ils existaient avant et
après l'invasion des Bernois.
Le compte-rendu atteste qu'au Lyaud était primitive-
ment une église paroissiale, ayant son recteur. La parois-
siale du Lyaud fut annexée au Chapitre de Saint-Pierre
de Genève, par le pape Alexandre VI, le 17 janvier 1494.
Depuis la translation du Chapitre de Saint-Pierre à
Annecy, les Genevois usurpèrent cettê paroisse et en ven-
dirent les biens ecclésiastiques, d'une grande valeur. Fran-
çois de Sales reconnaît, néanmoins, qu'il restait des revenus
suffisants pour l'entretien d'un vicaire perpétuel. Après
l'extirpation de l'hérésie, l'érection des paroisses réunit à
Armoy la paroisse du Lyaud. Elle conserva cependant
toujours l'usage de son église, où des religieux de l'abbaye
d' Aulps venaient, de temps en temps, remplir les fonctions
sacrées.
Les années de la Terreur, en 1793, ont attaché au Lyaud
de tristes, mais consolants souvenirs. Ce village exhale
encore le parfum des vertus de l'un des plus intrépides con-
fesseurs de la foi, qui conservèrent à notre Savoie son anti-
que physionomie religieuse.
Le nouvel apôtre du Chablais, M. Bouvet, surnommé
!'Oncle Jacques, avait sa station ordinaire au Lyaud, à
six kilomètres de Thonon.
L'amour et la vénération des habitants servaient de
gardes du corps à ce vénérable ecclésiastique.
Voici un extrait des notes de M. Bouvet :