Page 155 - Bouvet Jacques
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ses oreilles; on accourt, on s'attroupe : c'est bien 1 •
lui I De toutes parts, la joie, les acclamations
éclatent; on l'accable de caresses, d'invitations,
de questions. Il tient bon contre l'émotion qui le
gagnait en voyant autour de lui des larmes d'at-
tendrissement ; puis, prenant la parole, il leur
dit que, s'il les avait convoqués avec le sifflet
d'autrefois, c'était pour le plaisir de les revoir
tous réunis, ne pouvant tous les revoir chez eux;
que les temps étaient heureusement changés pour 1
la religion ; il les exhorte à ne pas dégénérer, 1
s'enquiert des nouvelles du village, s'attriste des
vides que la mort y a faits, distribue quelques
souvenirs religieux à tous ces bons habitants, re-
voit quelques-unes des maisons qui lui avaient
naguère donné asile et laisse tout ce monde aussi
disposé qu'en 1799 à se faire tuer pour lui, s'il le
fallait.
On ne saurait croire combien ce retour inat-
tendu de l'Oncle Jacques, dans le lieu de son pre-
mier apostolat, réveilla de souvenirs et d'allé-
gresse. A Thonon, ce fut une ovation pacifique,
populaire, enthousiaste, comme tout ce qui est
spontané. A Evian, où il se rendit sur les instances
de M. le plébain Carlin, même accueil, mêmes
témoignages de religieuse vénération. La ren-
contre avec les frères Picollet, prêtres et conf es-
seurs de la foi, fut touchante. Mais une scène
non moins attendrissante, ce fut de voir deux
femmes du peuple, déjà bien âgées, sortir de la
foule et faire force pour arriver jusqu'à l'Oncle
Jacques. Il s'avança lui-même : - « Eh 1 qui
<c êtes-vous, mes bonnes femmes? - Pauvre