Page 158 - Bouvet Jacques
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tomba dans une langueur qui menaçait d'être
mortelle. Dès longtemps, M. Bouvet se tenait à
l'affût de ce paroissien endurci. Pour se mettre en
contact avec lui, il avait même antérieurement
acheté de lui divers objets de culte, épaves de la
spoliation révolutionnaire.
Après beaucoup de prières faites pour lui, après
quelques visites de civilité toujours bien accueil-
lies, le zélé pasteur, sachant que le mal empirait,
résolut d'aborder la question capitale. Le récit
de cette visite nous a été fait par une nièce du
malade, présente à l'entretien. M. Bouvet se pré-
senta avec un air jovial ; il trouva son malade
jouissant de toutes ses facultés et assez disposé à
une petite causerie. Voici un précis du dialogue
qui s'établit : « Il me semble, MonsieL1r, lui dit M.
le curé, que vous devez avoir plaisir à vous rappeler
tant de procès gagnés dans voire longue carrière. -
C'est vrai, répond le malade, flatté de ces rémi-
niscences; mais ma carrière est bien finie et je
n'espère plus me charger d'aucune cause. - Ah !
pourtant, Monsieur, il s'en présente une que je vou-
drais bien vous recommander et qui est bien digne
de vous. - Eh bien ! voyons, et si je pouvais vous
être utile ... - Merci, mon bon Monsieur P., le gain
de ce procès me serait f orl agréable el même très
avantageux pour vous. L'âge el les infirmités, loin
de vous interdire le soin de celle cause, le recom-
mandent au contraire à toute voire sollicitude. -
Ah ! je crois deviner ... - Eh bien ! oui, mon cher
Monsieur, après tant de procès que vous avez gagnés
pour les autres, il vous importe souverainement de
gagner celui-ci pour vous et il ne tient qu'à vous ;
j'en appelle à voire première communion et aux prin-