Page 159 - Bouvet Jacques
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cipes chrétiens que vous avez puisés dans votre reli-
gieuse f ami/le. - Je comprends, mon bon curé ...
Mon entourage m'en a touché quelques mots ... On y
pensera ; revenez dans quelques jours ; la cause sera
un peu embrouillée, vous serez mon avocat. Ainsi
fut fait, et, après quelques séances, le vieux révo-
lutionnaire, réconcilié avec Dieu, mourut dans les
meilleurs sentiments.
Le succès n'a pas toujours couronné son zèle;
quelquefois même, dans son ministère, il a dû
menacer et tonner; mais jamais on ne l'a vu
s'aigrir. Tranquille sur le témoignage que lui ren-
dait sa conscience de n'avoir rien négligé pour
le salut de cette âme rebelle à la grâce, il la re-
commandait encore aux miséricordes divines.
Sa douceur ne dégénérait point en faiblesse : il
savait à propos recourir à la fermeté. Ayant un jour
des raisons de craindre qu'une sépulture ne donnât
lieu à quelques manifestations fâcheuses, il fixa
pour la cérémonie funèbre une heure peu favora-
ble aux scènes qu'il redoutait. A l'heure fixée, il
va lui-même faire la levée du corps. On n'était
pas prêt ; on incidente, on veut attendre. Tout
est prêt pour la cérémonie religieuse, dit-il, vou-
lez-vous le donner, ou si je m'en retourne ? »
Que faire ? on murmura un peu ; mais le convoi
partit tel quel et la sépulture eut lieu sans encom-
bre ni scandale.
M. Bouvet avait une remarquable aptitude
d'esprit, des études solides et surtout un bon
sens exquis. Il a laissé dans les archives de Saint-
Maurice des mémoires, des rapports, des délibéra-
tions, des comptes, des harangues, qui témoignent
d'une grande variété de connaissances en matière