Page 163 - Bouvet Jacques
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Tel était M. Bouvet dans ses traits les plus sail- 1
lants d'homme et de prêtre. ~
Il était un curé tellement hors ligne que Mgr
de Thiollaz, quand il voulait désigner M. Bouvet,
ne l'appelait jamais par son nom propre : il disait
tout court et par antonomase : le Curé, et chacun ,,
l
comprenait ce laconisme, quoiqu'il y eût à An-
necy un autre curé très méritant et nommé par
Mgr de Thiollaz lui-même. Rarement on verra un
curé aussi complet et une carrière aussi pleine
que celle de ce bon prêtre. Mais cette carrière
touchait à son terme. - -
On était à la fin d'octobre 1829 ; nous avons
laissé ce digne vieillard aux prises avec les cruelles
douleurs de son rhumatisme goutteux, cloué sur
son fauteuil. Il ne douta point que sa fin ne fût
prochaine et ses jours comptés; c'était, plus que
jamais, le moment de se disposer à l'éternité. « Sa
<c maladie, qui fut longue et douloureuse, écrivait
cc à M. Vuarin, M. Sallavuard, alors vicaire à Saint-
<c Maurice, lui fournit l'occasion de pratiquer la
« patience la plus exemplaire; jamais je ne l'ai vu
<c s'impatienter ni entendu se plaindre ; il sup-
<c porta jusqu'au bout ses douleurs et ses souf-
« frances avec la plus parfaite résignation et avec
<c cette gaieté qui le caractérisa toujours; il reçut
<c plusieurs fois le saint viatique, et chaque fois sa
<c piété se montra des plus vives et des plus ten-
<c dres ; il pleurait de bonheur, et les paroles qu'il
<c adressait aux assistants faisaient couler leurs
c< larmes. »
Ce qui le tourmentait encore plus que son mal,
c'était la lourde dette de dix mille francs, con-