Page 152 - Bouvet Jacques
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malgré l'amphibologie de la légende aucune plai-
santerie ne fut même soulevée à son endroit.
Le lendemain, le panier fut confié et recueilli
à l'hospice d'Annecy.
Quatre hommes de La Vernaz faisaient à An-
necy huit jours de prison pour manquement à un
supérieur. A leur insu, il leur fit parvenir quel-
ques adoucissements. Au sortir, ils hésitaient à
se présenter à lui ; mais il les invite à souper et
à coucher, en leur disant : << Vous venez de faire
« votre pénitence : je ne me souviens donc plus
<( que des services que vous m'avez rendus et
« des dangers auxquels vous vous êtes exposés
« pour moi pendant la Révolution. n
Il les traita paternellement, paya leurs places
à la voiture publique, et, pendant qu'ils s'en re-
tournaient en bénissant M. Bouvet, le supérieur,
auquel ils avaient manqué de respect, cherchait à
se faire remettre le mois de prison auquel il avait
été condamné lui-même.
On ne saurait dire combien mille traits de ce
genre lui avaient concilié l'amour, la reconnais-
sance et la vénération du peuple. Les mansardes,
les réduits de l'indigence le bénissaient ; les affligés
étaient assurés de trouver en lui des consolations
cordiales et efficaces ; sa charité se faisait ingé-
nieuse pour découvrir l'infortune qui se cachait,
et, ce qu'il ne pouvait toujours faire par lui-même,
il le faisait faire par les messagers ou les inter-
prètes de sa charité.
Comme le divin Modèle, M. Bouvet était plein
d'une religieuse tendresse pour les enfants. Ceux-
ci, par un mouvement de sympathique vénéra-