Page 149 - Bouvet Jacques
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                l'avait  pénétré  et  transformé,  jeune  encore ;
                 puis,  insensiblement,  le  genre  de  ses  études,  l'en-
                seignement de la théologie, l'intervention de Dieu,
                 visible dans les évènements dont il avait été le té-
                 moin,  l'avaient prédisposé à  juger des  choses à  la
                 lumière de la foi.  C'est dans cette atmosphère qu'il
                 aimait à vivre, et, de là au culte de la piété, il  n'y
                a  qu'un laisser-aller spontané : elle  devient facile
                et douce  à  qui sait voir  tout en  Dieu  et Dieu  en
                tout.  Aussi,  la  vie  si  active,  si  militante  de  M.
                Bouvet se  conciliait-elle  parfaitement en  lui  avec
                la  vie  intérieure  et la  pratique  des  exercices  reli-
                gieux.  C'est  même  là  le  secret  et la  source  de  la
                fécondité  de  ses  œuvres.  L'âge  ne  parvint  pas  à
                racornir cette âme pieuse, et il conserva jusqu'à la
                fin  la délicatesse et la sensibilité de sa dévotion.
                   Du reste,  la  piété  n'était point en  lui  un senti-
                ment vague  de  religiosité;  il  la  possédait à  l'état
                de  principe  et  de  conviction.  Pour  la  préserver
                des écueils d'une stérile sentimentalité, il  lui donna
                pour  règle  son  filial  attachement  à  l'Eglise,  et
                pour  but,  l'édification  et  le  salut  des  âmes.  Il
                aimait la  sainte  Eglise,  la  papauté, la  hiérarchie,
                l'Eucharistie,  toutes  ces  grandes  créations  de
                Jésus-Christ;  il  aimait  les  âmes,  ces  épouses  de
                Jésus-Christ.  Prière  publique,  solennités  religieu-
                ses,  sacrements,  instruction  populaire  : toutes les
                fonctions  du  ministère  étaient  pour  son  âme  sa-
                 cerdotale  une  sainte  passion.  On  ne  peut s'expli-
                 quer autrement l'héroïsme  chrétien  qu'il  déploya
                 pendant la  Révolution  au  service  de  Dieu  et des
                 âmes.
                   C'est  de  cette  source  que  découlait  la  charité
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