Page 141 - Bouvet Jacques
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                 Sans  s'effrayer  de  ces  difficultés,  ce  bon  curé,.
              se  confiant  en  Dieu  seul,  se  mit  résolument  à
              l'œuvre;  il  se  dévoua  à ses  nouveaux  paroissiens
              avec l'affection la  plus touchante.  A leur tour, ils
              ne tardèrent pas à connaître quel trésor ils  possé-
              daient dans la  personne  de  ce  vénérable curé ; ils
              répondirent à  son  zèle  et devinrent pour lui d'au-
              tres  enfants,  d'autant  plus  chéris  que,  comme  le
              patriarche  Jacob,  il  les  avait  engendrés  dans  sa
              vieillesse.  C'est ainsi que  Dieu fait tout concourir
              à  l'accomplissement  de  ses  desseins  :  par  cette
              circonscription  nouvelle,  d'abord  si  pénible  au
              cœur du bon pasteur,  la  Providence a  voulu qu'il         ,
              fût successivement le  curé de  toute la  ville  d'An-       i
              necy ; que tous ses  habitants pussent tour à tour
              profiter de  son  zèle,  s'édifier  de  ses  vertus,  s'ins-
              pirer  de  son  esprit,  et  aujourd'hui,  à  Annecy,
              après  un  demi-siècle  révolu,  après  tant  de  chan-
              gements  divers,  on  retrouve  encore  ses  traces:
              les  mœurs,  les  traditions,  l'esprit  général  de  la
              population en gardent visiblement l'empreinte.
                Pendant l'année  1825,  M.  Bouvet fut tout aux
              œuvres de son ministère ; rien  ne  vint le  distraire
              de ses fonctions chéries. Confréries, état des âmes,
              instruction religieuse, tout fut bientôt amené à une
              position florissante.  On  ne  peut se  défendre d'une
              légitime  admiration,  quand  on  voit  ce  vénérable
              vieillard,  atteint  de  cruelles  infirmités,  travailler
              avec un zèle aussi actif au champ du Seigneur, sans
              jamais  regarder  en  arrière,  sans  autre  désir  que     1
              d'accomplir sa laborieuse tâche et de tomber dans
              le  sillon,  les  mains à la charrue.
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