Page 139 - Bouvet Jacques
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son église ! Mais il y avait plus de vingt ans qu'il
l'avait épousée en en prenant possession; il s'était
endetté, sacrifié pour la mettre dans l'état décent
où elle est ; divorcer avec elle, à soixante-qua-
torze ans I et cela pour une église dévastée, pro-
fanée, où est installée une forge, où l'on remise les
voitures et les ménageries ambulantes 1 - Impos-
sible.
M. Bouvet fit toutes les propositions et présen-
ta toutes les combinaisons qu'il crut convenables ;
il représenta combien un pareil bouleversement
des paroisses à Annecy allait être préjudiciable à
la paix, à la religion des habitants, au respect dû
au premier pasteur du diocèse ; il osa même dire
à son évêque que la circonscription projetée pro-
voquerait plus de malédictions qu'il ne pourrait
donner de bénédictions pendant tout son épiscopat.
Mgr de Thiollaz demeura inflexible et, le 17 no-
vembre 1824, il rendit solennellement une ordon-
nance, par laquelle il supprimait la paroisse de
Saint-Pierre, érigeait celle de Notre-Dame et
donnait à celle de Saint-Maurice une délimitation
.entièrement contraire à celle de 1803.
En adressant cette ordonnance à M. Bouvet,
pour la publier au prône du lendemain, Monsei-
gneur l'évêque lui en adoucit l'amertume par
quelques paroles obligeantes. « Je suis fâché, Mon-
« sieur, lui écrit-il, qu'il m'ait été impossible de
cc faire concorder cette nouvelle circonscription
(< avec vos vues; j'aurais été charmé, Monsieur,
« de pouvoir vous être agréable. Mais, quoique
-<< cette séparation vous coûte un peu, comme cela