Page 109 - Bouvet Jacques
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                Cette  pieuse  institution  avait  déjà  fonctionné
              trente-six  ans  avec  beaucoup  de  fruit,  quand
              éclata  la  révolution  en  Savoie.  Dès  lors,  les  titres
              et  capitaux  Buaz  furent  affectés  aux  hospices
              d'Annecy.  Cet  état  de  choses  dura  quatorze  ans,
              pendant lesquels l'ignorance religieuse n'avai\. fait
              que s'invétérer davantage.  En juin 1806 parut un
              décret impérial pour le  rétablissement des  œuvres
              pies  dont les  fonds  n'avaient pas été aliénés.
                Le  moment  était favorable;  M.  Bouvet  le  sai-
              sit avec empressement. Après s'être concerté avec
             M.  Chevalier,  curé  de  Saint-Pierre,  et  en  avoir_
              référé  aux  membres  de  sa  fabrique  assemblée,
             il  rédige  lui-même  un  Mémoire  sur  l'intéressante
             question  Buaz,  en  trace  l'historique  et  présente
             une combinaison,  suivant laquelle les  pauvres des
             deux  paroisses  seraient  catéchisés  par  leurs  prê-
             tres  respectifs  et ensuite  gratifiés  en  argent avec
             les  revenus  de  la  fondation  Buaz.
               Accueilli  favorablement  par la  Commission  des
             hospices  d'Annecy  et  ensuite  par l'évêque  diocé-
             sain, Mgr de Solles, ce  projet aboutit pleinement;
             aussi,  dès  le  commencement  de  l'année  1808,  on
             vit, après  une interruption  de  quinze ans,  recom-
             mencer  ce  catéchisme  des  pauvres  des  deux  pa-
             roisses,  ainsi  que  les  distributions  en  argent,  sui-
             vant  le  mérite  des  pauvres  qui  le  fréquentaient.
               Il faisait  beau voir le  vénérable  Oncle Jacques,
             docteur  en  théologie  et  ès-droits,  se  faire  petit avec
             ses  pauvres,  leur enseigner le  chemin du  ciel,  puis
             ensuite  tirer  de  sa  barette  des  pièces  de  menue
             monnaie,  les  distribuer à  ses  enfants,  comme  des
             arrhes  des  trésors  célestes  qu'il  leur annonçait.  Il
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