Page 105 - Bouvet Jacques
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eût des cloches au beffroi, c'était celui de la collé-
giale de Notre-Dame de Liesse. La tour de la
cathédrale n'avait pas encore son puissant bour-
don. Toutes les cloches, au fort de la Terreur,
étaient descendues de leurs tours pour être fon-
dues en canons et en gros sous. La grosse cloche,
qui enrichit encore la tour romane de la Collé-
giale, avait été épargné(' pour être affectée à une
destination purement civile ; elle avait été sécu-
larisée pour annoncer les assemblées municipales
et les sinistres (1).
Or, ce gros bourdon avait une sœur, qui ne lui
était inférieure en gravité que d'un ton majeur.
Au lieu d'aller à la fonderie, cette seconde cloche
gisait, dédaignée, au pied de la tour de Notre-
Dame. Quoiqu'elle eût été privée de son battant,
de ses colombettes et de son joug; quoiqu'elle eût
même subi quelques écornures sur les lèvres, elle
n'avait cependant reçu aucune mutilation essen-
tielle.
Pendant que cette cloche demeurait ainsi né-
gligée et silencieuse, les deux paroisses d'Annecy
étaient obligées de faire sonner leurs offices au
(1) Pour les fêtes du Doctorat de saint François de Sales,
en 1878, cette cloche a été refondue par les frères Paccard
avec une notable augmentation de métal ; elle est d'une
tierce mineure plus grave que le bourdon de la cathédrale.
Elle a été bénite le 21 aoû.t 1878, sous le nom de Francisca
Salesina, par S. E. le cardinal Caverot, archevêque de
Lyon, au milieu d'un immense concours de fidèles d'Anne-
cy et de pèlerins. Le lendemain, jour inoubliable du 22 aoû.t
ce magnifique bourdon, du haut de la tour de Notre-Dame,
chantait de sa puissante voix la gloire du Docteur Savoi-
sien.