Page 19 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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                  CAMP  DE  TRIAGE  DE  DOMPTAZ

           A    VEC  le mois de Mai,  le  Petit  Bornand  allait  devenir

                  le  véritable  centre  du  Maquis.  L' Armée  Secrète
          avait  en  effet  décidé  d'établir  un  Camp  de  Triage  à  la
          Montagne  de  Domptaz.  Les  futurs  Maquisards  arrivaient
          de tous les  coins de  la France à  la gare de Saint Pierre de
          Rumilly  et  de  là  étaient  acheminés  gratuitement  par  les
          cars Levet jusqu'au Petit Bornand. Ils étaient pris en char-
          ge par la Trentaine locale  qui  les  guidait  sur  Domptaz ...
          Tous ces  jeunes,  après avoir passé  deux  ou trois semaines
          dans  ce  camp  d'épreuve,  étaient  renvoyés  chez  eux  ou
          dirigés sur les c~mps de Saint Jeoire, Chamonix, Sallanches,
          etc ... Le camp était commandé par un certain Clovis qui du
          reste  était sous  les  ordres  directs  du  Lieutenant  Rannard
          commandant du secteur du Petit Bornand, lequel en même
          temps  qu'il  organisait  un  autre  camp  à  Tinnaz,  fondait
          le deuxième camp de Glières.
               Mais  c'est peut-être le moment d'illustrer ce  camp de
          Domptaz  d'une  ou  deux  anedoctes  qui  en  éclaireront
          l'atmosphère.  Je me rappelle qu'un certain jour,  alors que
          je  n'avais plus une seule  place  de disponible  à  la Cure,  je
          vis  arriver  une  brave femme,  accompagnée  de  son  jeune
          neveu  muni  d'une  recommandation  à  mon  adresse.  Cette
          brave Tante ne voulait pas quitter son neveu qu'elle avait
          élevé  avant  de  savoir  qu'il  serait  en  sûreté  et  elle  aurait
          bien voulu monter au camp, ce qui n'était pas possible.  Je
          finis  par loger la Tante chez  les  Sœurs et notre futur  Ma-
          quisard chez Fernand Puthod. Le lendemain je le  fis  mon-
          ter à  Domptaz  par un  de  nos  guides,  non sans  avoir reçu
          force  recommandations  de  la  Tante.  Au  camp  où  l'his-
          toire  de  la Tante  était  parvenue  on  appelait  notre  brave
          garçon : La Nounou.
              Un  autre  jour  je  vis  arriver, après la Grand'Messe  du
          Dimanche,  Clovis,  le  Chef  de  camp  qui  muni  de  son  ré-
          volver me déclara sans sourciller qu'il n'usait pas  beaucoup
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