Page 16 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
P. 16
12 AVANT-PROPOS
adhérèrent d'enthousiasme, espérant qu'elle deviendrait un
instrument de libération. Un des premiers qui donna sa dé-
mission fut Marcel Merlin, actuellement Maire de la Com-
mune, qui devait devenir en 1943 chef de Trentaine de l' A .S.
La section peu à peu se mettait en sommeil, lasse de ses vains
espoirs et ne s'occupait plus que de son œuvre du colis des
Prisonniers dont la caisse était surtout alimentée par les
séances de la chorale Paroissiale et de la J.A.C. ; ou par les
subventions des sociétés locales et celles que voulait bien
lui accorder le Maire François Merlin.
Lorsque il fut question de la création des S.O.L., le Curé
et l' Instituteur Monsieur Pinget s'entendirent pour décon-
seiller aux Jeunes d'en faire partie. On peut dire qu'à la fin
de 1942, tout en continuant d'exister sur le papier, la Légion
avait en fait cessé d'exister au Petit Bornand.
C'est d'ailleurs vers la fin de 1942 que J°e commençais
moi-même à m'occuper de la Résistance en donnant asile aux
enfants de Maurice Guérin, mes cousins et cousines, qui tra-
qués par la Gestapo, avaient dû fuir Limoges et dont le long
séJ°our dans mon Presbytère ne fut pas sans intriguer beau-
coup de personnes.
Depuis la rupture de l'armistice et l'invasion de la Zone
dite libre, le Petit Bornand, était d'autre part occupé par
une compagnie Italienne qui cherchait surtout à se nourrir
sur le Pays. Mon premier accrochage avec leur Capitaine se
produisit le soir de Noël. Il avait décidé que sa Troupe assis-
terait à la Messe de Minuit en armes et ne les quitterait pas.
]'essayais en vain pendant près d'une demi heure, avant de
commencer ma Messe, de le faire revenir sur sa décision. Il
me fallut finalement céder pour ne pas priver ses hommes de
l'accomplissement de leurs devoirs religieux. Ainsi finit
l'année 1942. La nouvelle année allait être beaucoup plus
mouvementée.