Page 20 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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16 LES MÉMOIRES DU CURÉ DU MAQUIS
de la religion, mais enfin qu'il avait parmi ses hommes des
pratiquants et qu'il comprenait leur souffrance d'être
privés des secours religieux. Alors je n'avais qu'une chose
à faire ; c'était de monter leur dire la Messe là-Haut,
puisqu'on ne pouvait pas leur donner la permission de des-
cendre.
Je tiens à propos de ce camp de Domptaz à mettre à
l'honneur la Trentaine du Pays qui se dépensa sans comp-
ter pour acheminer les arrivants à leur destination et sur-
tout pour leur monter le ravitaillement.
ÉVASION DE MICHEL
U N jour de ce même mois de Mai, je vis arriver le
Lieutenant Rannard qui m'informa qu'il avait
trouvé entre Tinnaz et Glières un Jeune avec les menottes
aux mains se recommandant de l'Abbé Camille Folliet. Je
téléphonais immédiatement à l'Abbé Folliet lui demandant
de venir prêcher le dimanche suivant pendant que le Lieu-
tenant Rannard faisait descendre chez moi le Jeune en
question qui répondait au nom de Michel.
Voici l'odyssée qu'il nous conta. En passant de Suisse
en France, il avait été arrêté avec des papiers compro-
mettants et de l'argent qu'il apportait pour les mouvements
de Résistance. Il avait eu le temps d'avaler les papiers, mais
il n'avait pas pu se défaire des 100.000 francs. qu'il avait
sur lui. Emprisonné à Annecy, il avait été ramené à Saint
Julien pour y être jugé et il revenait par le train du soir en
compagnie de son avocat, Madeleine Hérisson et du Juge
d'instruction. Il bavardait familièrement avec eux lors-
qu'en approchant du tunnel d'Evires, Madeleine Hérisson
lui fit signe que c'était le moment d'agir. Michel demanda à