Page 24 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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20 LES MÉMOIRES DU CURÉ DU MAQUIS
Simon n'avait pas réfléchi aux conséquences de son exploit.
Il avait cherché quelque chose de spectaculaire et avait
failli tuer de nombreux Français.
Pour Noël, il va chercher du ravitaillement dans la
région de Leschaux, rentre dans un café, suspend sa mi-
traillette au porte-manteau, et s'attable.
Un officier allemand cherche lui aussi des victuailles
pour le réveillon ... Il rentre dans le café ... aperçoit la mi-
traillette ... va pour demander à qui elle est... Simon a com-
pris le danger ... la mitraillette a craché ... les boches sont
par terre ... Ils les charge dans leur voiture ... et va la verser
dans un ravin ... Résultat : des représailles ... des morts ...
des déportés ...
Si la mitraillette avait été cachée, il n'y aurait pas eu
d'accrochage.
Je l'ai vu pendant les deux mois qu'il resta au Petit
Bornand souvent indiscipliné envers ses chefs et pour être
Chef, il faut savoir se plier à une rude discipline. En un mot
il était trop indépendant, trop téméraire. Cela n'enlève rien
à sa bravoure, à son abnégation totale pour la Cause Fran-
çaise qu'il défendait. Les plus grands Héros ont leurs dé-
fauts parce qu'ils ne sont pas des surhommes et c'est leur
rendre hommage que de révéler en même temps leurs qua-
lités et leurs défauts.
Si j'avais à me résumer, je dirais de Simon qu'il aurait
été un brillant officier et un Héros admirable s'il avait pu
allier à la fougue de la jeunesse, la prudence de l'âge mûr.
Simon restera dans la légende parce qu'il fût un Fran-
çais sans peur ... Mais il ne fut pas un Bayard parce qu'il
ne fut pas sans reproche ...