Page 22 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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18       LES  MÉMOIRES  DU  CURÉ  DU  MAQUIS

                        Les  Chefs  du  Maquis  rencontraient  de grosses diffi-
                    cultés pour habiller tous leurs  Hommes et  tous  ces  effets
                    qui devaient être livrés aux Allemands seraient les bienvenus
                    dans nos montagnes. Malheureusement tous ces  braves gens
                    qui se  dévouaient  pour fournir  l'habillement  à leurs frères
                    d'armes furent  trahis  par le  chef  des  Chantiers  qui  avait
                    promis de leur livrer le  dépôt.  Ils tombèrent sur d'impor-
                    tantes  Forces  de  police  et  durent  s'enfuir  par  toutes  les
                    routes  possibles  et  même  à  travers  champs.  Plusieurs
                    d'entre eux furent capturés.
                        C'est  à  la  suite  de  cette  expédition  manquée  que  je
                    connu  celui  qui  devait  devenir  le  légendaire  Lieutenant
                    Simon. Le soir du 29 mai, je recevais en effet un Jeune dont
                    je ne me  souviens plus du  nom à l'heure actuelle.  II  était
                    exténué et venait de Saint Laurent à pied en passant par le
                    sentier des Gardes. II était II heures du soir et il avait faim.
                        Il  me  dit  à  brûle-pourpoint : cc  Vous  savez  bien  l'his-
                    toire de Chambéry ? Ou est François ? cc  Je n'étais pas enco-
                    re  prévenu  de  l'échec  de  l'expédition  et  je  ne  connaissais
                    pas François.  C'était  François Servant  qui devait  devenir
                    chez  moi  François  Chevalier  et  plus  tard  à  Thorens  le
                    Lieutenant  Simon.  Pendant  qu'on lui  préparait  un  frugal
                    repas,  il me raconta  le  retour de  Chambéry.
                        Poursuivi  par les  Forces de  police  après  bien  des  dé-
                    tours,  il  avait  réussi  à  rejoindre  Annecy  vers  quatre
                    heures du matin pour aller se reposer à l' Hôtel de France.
                        Au  petit  jour,  François  qui  dormait  d'un  sommeil
                    lourd,  tout en  ayant  son  revolver  à  la  portée de sa main,
                    s'éveille  encadré de  deux policiers  qui inspectent la pièce,
                    découvrent des  mitraillettes et des grenades.  Devant l'im-
                    portance de  la découverte l'un des  policiers  va téléphoner
                    pour demander du renfort. Tout de suite ses collègues sont
                    sur place et se passent le butin de main en main.
                        François,  qui les guette du coin de l'œil, met  à profit
                    cette inspection détaillée des armes. II bondit sur la porte et
                    avant  que  les  policiers  soient  revenus  de  leur  surprise,  il
                    fuit dans les couloirs de l'Hôtel. C'est le branle bas général ...
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