Page 14 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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IO AVANT-PROPOS
étions contre le Maréchal Pétain ou pour le Général de Gaule
que nous avons agi: c'est parce que nous étions Curés. Comme
autrefois sur un champ plus vaste, les Evêques étaient quali-
fiés de« Défenseurs de la Cité» nous étions aussi les Défenseurs
des Paroissiens qui nous étaient confiés. En l'occurence, nous
avions à les protéger, contre les vexations de l'envahisseur,
contre les erreurs ou les faiblesses du Gouvernement prisonnier
de l'occupant, contre les abus également de certains Groupes
qui prétendaient travailler à sauver le Pays, en pillant des
Français. Si nous devions aider les Jeunes à échapper à la
déportation en Allemagne pour le service obligatoire, notre
devoir était aussi de veiller à ne pas les laisser enrôler par
certaines bandes qui se constituaient en marge de la Résis-
tance ou sous son couvert et risquaient de les entraîner hors du
droit chemin.
Notre devoir de Curé était aussi d'accueillir tous les
malheureux, tous les traqués, d'où qu'ils vinssent, à quelque
parti politique ou confession religieuse qu'ils appartinssent.
C'est tout simplement ce que nous avons essayé de faire et
c'est comme cela que nous avons été mélés à la vie intime du
Maquis.
Mais tout de suite et avant d'aller plus loin il importe
de dissiper toute équivoque et de bien préciser dans quel
esprit nous avons estimé nécessaire ce témoignage vécu.
Le Maquis en effet, n'est pas qu'entouré d'une aitréole.
S'il a fourni à beaucoup de Jeunes et même de Vieux l' oc-
casion d'écrire de leur sang ou de leur sacrifice des pages de
Gloire splendides, il a servi à d'autres de prétexte et d'alibi
commodes pour camoufler des activités moins reluisantes.
Trop de gens ont tendance à confondre les vrais Maquisards
avant tout Patriotes avec ceux dont les actes sont de nature à
discréditer la Résistance. Il ne faut pas hésiter devant les
discréminations indispensables .... Seule la Vérité nous délivre-
ra. C'est à force de mentir que l'on tue un Pays et qu'on
l'achemine lentement mais surement vers sa ruine. Il faut
avoir le courage de dire les dé/ auts et les qualités de chacun
sans parti-pris. Nous le devons à ceux qui ont donné leur vie
ou souffert pour que la France vive.