Page 637 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES HUILES. 631
Elles gagnèrent les régions des glaces Anglais ont également entrepris une pêche
mouvantes ; les pêcheurs les y suivirent. du sud, et les navires de ces deux nations
Elles allèrent alors s’enfoncer sous les glaces ont sillonné non-seulement les parties aus
fixes, et choisirent leur principal asile sous trales de. l’océan Atlantique , mais toute
l’immense croûte de glace que les Bataves l’étendue du grand Océan. Les Américains
avaient nommée Weslgs (la glace de ï Ouest). ont aujourd’hui dans les mers australes plus
Les pêcheurs investirent ces glaces immo de trois cents navires baleiniers, qui don
biles. Poussant leurs chaloupes jusqu’aux nent tous de beaux bénéfices. Quelques
bords, ils épiaient le moment où les baleines navires français, mais en bien petit nombre,
étaient forcées de quitter cette voûte protec ont exploré les mêmes latitudes méridio
trice, pour venir respirer au-dessus de l’eau. nales.
C’est ainsi que les pêcheurs furent forcés La côte ouest d’Afrique, la baie de Lagoa,
d'abandonner les eaux du Spitzberg, pour l’embouchure de la Plata, les côtes de la
aller vers le grand banc de glace qui limite Patagonie, la Nouvelle-Hollande, Van-Dié-
vers le nord-ouest la mer du Groënland. men, la Nouvelle-Zélande et les îles Sand
C’est principalement dans ces parages, wich, sont les principales régions fréquentées
c’est-à-dire vers le 78° ou le 81° de latitude par les baleiniers des deux mondes. Quant
nord, ou dans le détroit de Davis, vers l’île aux anciens lieux de pêche, nous avons déjà
Disco, que la pêche de la baleine fut pour indiqué leur dépeuplement. L’apparition
suivie avec le plus d’activité, depuis le milieu d’une baleine dans les mers qui baignent
du dix-septième siècle. Mais ces dernières nos côtes, c’est-à-dire dans le golfe de Gas-
mers sont devenues désertes à leur tour; de gogne, est maintenant un fait inouï. La côte
sorte que les baleiniers anglais sont forcés du Groënland, qui était jadis une excellente
aujourd’hui de s’avancer, à travers les gla station, est aujourd’hui déserte. La baie de
ces, dans la baie de Baffin, jusqu’au détroit Baffin a été dépeuplée par les Anglais, et
de Lancaster, et même jusqu’à la baie de le détroit de Davis, qui était visité au com
Melville. S’il est vrai qu’il existe autour mencement de notre siècle par plus de cent
du pôle nord une mer libre de glaces pen navires baleiniers, appartenant à diverses
dant la saison d’été, comme le pensent les nations, n’en compte aujourd’hui que cinq
hardis pionniers qui se lancent, de nos ou six, dont le butin n’est même jamais
jours, à la découverte de. cette mer libre, assuré d’avance.
il est probable que l’on trouvera des batail
lons de baleines réfugiées dans ces para Après cet exposé historique, nous décri
ges, encore à peine connus. rons la pêche, ou la chasse de la baleine,
Ce n’est pas seulement vers les mers arc comme on voudra, pêche bien différente de
tiques que les pêcheurs ont poussé leurs toutes les autres, car il s’agit d’un gain im
courageuses expéditions. Les régions antarc mense et d’un immense péril.
tiques ont été et sont également explorées. Les navires de pêche, qu’ils appartien
Au commencement du dix-huitième siècle, nent a la France, à l’Angleterre ou aux Etats-
des pêcheurs de Massachussets (Amérique) Unis, etc., sont toujours accompagnéschacun
commencèrent à se diriger vers le pôle sud. de cinq ou six chaloupes. Chaque chaloupe
Ils naviguèrent dans les eaux du cap Vert, est ordinairement montée par quatre cano
sur les côtes du sud-ouest de l’Afrique, et tiers, un harponneur et un officier.
le long de celles du Brésil et du Paraguay, Quand on arrive dans les parages où l’on
jusqu’aux îles Falk land. Depuis lors, les espère trouver des baleines, un homme se