Page 617 - Merveilles Industrie Tome 4
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DES HUILES.                                   611

       dans de véritables mortiers, et de presser les  gaux (l’un ayant 44 centimètres de long, et
       graines écrasés en les plaçant dans l’an­  l’autre 25 centimètres) écrase 370 à 400 li­
       cienne presse hollandaise dite presse «coms.  tres de graines. D’après l’inventeur, cet ap­
       Le pilon était une grosse pièce de chêne, ter­  pareil donnerait 7,500 kilogrammes de pro­
       minée par une tête en fer cannelée. Le mor­  duit chaque douze heures.
       tier était creusé dans deux pièces de char­  Les graines, une fois écrasées, sont en­
        pente ; ses parois étaient revêtues de tôle de  voyées au moulin. Ce moulin, que repré­
        fer, et le choc du pilon portait sur un culot de  sente la figure 329 (page 609), se compose
        fonte enchâssé dans le fond du mortier. Le   d’une table horizontale en granit, sur la­
        vent était l’agent moteur de ces pilons, vul­  quelle roulent deux meules verticales en
        gairement nommés boccards. On voyait au­  granit ou en pierre calcaire. Les graines
        trefois, aux portes de Lille, plus de 500 mou­  jetées sur la plate-forme, par charge de 60 à
        lins à vent employés à ce travail.Les boccards  75 kilogrammes, subissent un écrasage par
        produisaient le bruit le plus désagréable, et  le poids de la meule, et une torsion, par suite
        donnaient des secousses qui ébranlaient  du pivotement de la même meule sur leur
        tout l’édifice. Aujourd’hui, on ne voit plus  surface. Ce mouvement rejette les graines
        aux environs de Lille qu’un très-petit nom­  vers les deux bords de l’auge ; mais deux ra-
        bre de ces vieux moulins. Ils ont été rem­  cloirs, qui sont fixés à l’arbre vertical, lés
        placés presque tous par les huileries à va­  ramènent continuellement sous les meules.
        peur, que nous allons décrire.              Lorsque la graine est à l’état de pulpe, un
                                                  ramasseur la fait tomber dans un bassin in­
          La trituration et le broyage des graines se  férieur, à travers une ouverture, convena­
        fait par des opérations et avec deux appareils  blement disposée.
        distincts. Après avoir été préalablement    Une paire de meules pèse de 8,000 à
        nettoyées au tarare, les graines sont d’abord   10,000 kilogrammes ; ces meules font 12
        concassées entre deux cylindres ; le produit  tours par minute. Le broyage d’une charge
        de ce concassage est ensuite porté sous des  de 60 à 75 kilogrammes dure de quinze à
        meules, qui leur font subir Yécrasage pro­  vingt minutes. En douze heures de travail,
        prement dit.                              on peut donc broyer de 2,160 à 3,600 kilo­
          Le concasseur des graines est la réunion  grammes de graines.
        de deux rouleaux de même diamètre, mais      Le broyage d’une charge de 75 kilo­
        marchant avec des vitesses inégales, ce qui  grammes de graines demande quinze à vingt
        produit non-seulement l’écrasage, mais en­  minutes ; de sorte qu’en douze heures de
        core le déchirement de la graine. Les ma­  travail une paire de meules mise en mou­
        tières sortent du rouleau dans un état de  vement par la vapeur, écrase de 2,500
         division convenable, et sans former de ru­  à 3,000 kilogrammes de graines.
        bans, comme il arrive avec les appareils     Presque toujours on chauffe les graines
        agissant par simple pression.              écrasées avant de les soumettre à la presse.
           M. Falguière, de Marseille, a construit,   La température à laquelle on chauffe les
        pour ses grandes huileries, un concasseur  graines, est de -f- 50 à + 55° et quelquefois
         dont les effets sont irréprochables. Tandis  de -j- 40° seulement. Ce chauffage coagule
         qu’un boccard à deux pilons pesant 50 kilo­  l’albumine et les matières mucilagineuses
         grammes et frappant soixante coups par  de la graine, et rend le corps gras plus
         minute, n’écrase que 120 litres de graines,   fluide. On ne chauffe que pendant six à huit
         un concasseur à rouleaux de diamètres iné­  minutes.
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