Page 608 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 608

602                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


               dans les mêmes contrées. Sous les empereurs  ce que toutes les graines soient tombées.
               romains, les Égyptiens étaient renommés     L’huile de lin, de couleur jaunâtre et de
               pour leurs manufactures de toiles de lin. La  consistance un peu visqueuse, est la plus sic­
               culture du lin se répandit de très-bonne   cative de toutes les huiles. Aussi la peinture
               heure dans la Gaule et dans la Germanie.   à l’huile s’en sert-elle spécialement, après
               Aujourd’hui, cette culture est surtout très-  l’avoir rendue plus siccative encore par la
               développée en Hollande, en Belgique et  litharge. Elle se distingue de toutes les autres
               dans le nord de la France.                huiles par sa propriété de ne se coaguler qu’à
                 C’est le lin commun (Linum usitatissimum)  — 27°, ce qui fait qu’on l’emploie de préfé­
               qui est la seule espèce cultivée. Sa tige, ordi­  rence pour le graissage des machines qui
               nairement simple (fig. 316), sensiblement  doivent être transportées dans les pays froids.
               plus fine que celle du chanvre, se ramifie vers   L’huile de lin est peu propre à l’éclai­
               le sommet, et porte des feuilles étroites, ai­  rage ; elle sert surtout pour la peinture et
               guës, placées alternativement à des hauteurs  pour la fabrication des savons.
               différentes. Ses fleurs sont d’un beau bleu.   Huile d’arachide. — L’huile d’arachide
               Le fruit est une capsule contenant dix petites  est le résultat de l’expression des graines
               graines. Quand le lin jaunit, que ses capsu­  de VAvachis hypogæa, petite plante annuelle
               les s’ouvrent et que ses feuilles commencent  de la famille des Légumineuses. Cette
               à tomber, ce qui arrive ordinairement vers  graine, vulgairement nommée pistache de
               la fin de juin, il est parvenu à sa maturité.   terre, ou noisette de terre, a la forme d’un
               Pour en faire la récolte, on l’arrache par  petit œuf allongé. Elle est contenue dans une
               poignées, qu’on couche à terre, comme le blé.  gousse, comme les graines de toutes les Lé­
               Vingt-quatre heures après, on le relève, et  gumineuses.
               on en forme de petits paquets, écartés dupied,   L’arachide croît naturellement au Séné­
               pour qu’ils se tiennent debout et soient plus  gal et sur la côte occidentale de l’Afrique,
               facilement séchés par l’air. Lorsque la matu­  jusque près de l’équateur. Elle est l’objet,
               ration et la dessiccation ont été ainsi complé­  dans ces pays, de cultures importantes, qui
               tées, on réunit les paquets et on les range en  sont confiées aux noirs libres ou esclaves.
               lignes. Quelques mois après la récolte, on  L’arachide est également cultivée dans le
               met le lin en gerbes, puis on le rentre en  midi de l’Espagne ainsi qu’en Algérie.
               grange, où on en sépare la graine.        Elle réussirait fort bien dans ce dernier
                 Pour séparer le lin de sa graine, on se  pays si l’huile d’olive n’y'était aussi abon­
               borne souvent à le battre au fléau. Mais il  dante et à aussi bas prix. En France, on
               existe, pour égrenerle lin, un instrument ap­  a cultivé l’arachide dans le département
               pelé drége, ou égrugeoir, qui accélère beau­  des Landes, et dans celui de l’Hérault ; on
               coup le travail. C’est un peigne à dents de  l’a également cultivée en Italie, mais avec
               fer, que l’on place, les dents en l’air, sur un  trop peu de soins.
               banc, aux deux bouts duquel deux ouvriers   Cette culture a parfaitement réussi en Tu­
               drégcurs sont assis à cheval. On saisit à la  nisie, au Mexique et aux Antilles, où l’ara­
               main une poignée de lin ; on écarte la touffe  chide est, d’ailleurs, indigène.
               en éventail, et on la projette au travers du   Malgré ces divers essais, le Sénégal est
               peigne, pour qu’en retirant à soi, les graines  toujours le pays de production par excel­
               se détachent et tombent sur une toile placée  lence de l’arachide. Sa culture s’y étend de
               à terre. On fait passer ainsi deux ou trois fois  plus en plus, soit dans le haut Sénégal, soit
               la poignée de lin à traversle peigne, jusqu’à  le long de la côte, vers la Gambie et le
   603   604   605   606   607   608   609   610   611   612   613