Page 501 - Merveilles Industrie Tome 4

L’ALCOOL ET LA DISTILLATION. 495

La pompe à jus étant mise en fonction, et Dans les colonies, la plupart des distille­
le réservoir II étant plein, on emplit de ries de mélasses de cannes sont annexées
jus fermenté le chauffe-vin C. On emplit aux sucreries. Ces établissements exigent
également les plateaux de la colonne dis­ très-peu de matériel, puisqu’il suffît de
tillatoire, A. Cela fait, on ferme momenta­ quelques cuves en bois pour la fermenta­
nément le robinet d’introduction des jus, et tion, d’un des appareils distillatoires, que
l'on ouvre graduellement la vapeur chauf­ nous venons de représenter (fig. 268 et 269}
fant l’appareil, qui passe par la soupape, 1, et d’une pompe pour élever les liquides
du régulateur de vapeur, F. fermentés. La vapeur d’eau nécessaire au
Quand toute la colonne est chaude, les chauffage de la chaudière, est empruntée
vapeurs alcooliques passent, en traversant à la sucrerie.
le brise-mousses, B, dans le chauffe-vin, C ; Pour donner une idée exacte de l’ensem-
elles s’y condensent et cèdent leur calorique d’une distillerie de mélasses de cannes, qui
à la matière fermentée. De là, elles passent serait établie isolément et en dehors d’une
au réfrigérant, pour y être refroidies par sucrerie, nous donnons la vue d’un de ces
l’eau. On évite ainsi les pertes d’alcool que établissements (fig. 270 et 271) d’après les
font éprouver les appareils, où l’on ne se dispositions imaginées par M. Désiré Savalle,
sert, pour condenser et réfrigérer, que de la et avec les appareils distillatoires de ce
matière fermentée relativement chaude. constructeur. La légende qui accompagne
A chaque plateau qui s’échauffe, la pres­ ces deux figures, explique la destination de
sion augmente dans le tube niveau d’eau du chaque appareil.
régulateur de vapeur, F, jusqu’à ce qu’enfin
celui-ci fonctionne. Aussitôt que le rhum La distillation du produit de la fermen­
commence à couler à l’éprouvette, E, on ouvre tation des mélasses de nos raffineries
à nouveau le robinet 2, qui sert à introduire fournit une assez grande quantité d’al­
les jus fermentés dans le chauffe-vin et on cool, mais comme les procédés suivis dans
règle l’ouverture de celui-ci de manière à cette opération sont les mêmes que ceux
obtenir l’alcool à l’éprouvette au degré re­ qui servent à extraire de l’alcool des mé­
quis. On y introduit plus de jus fermenté, si lasses de sucre de betteraves, nous réuni­
le degré à l’éprouvette est trop faible, ou rons ces deux descriptions, c’est-à-dire que
moins de j us fermenté, si le degré du produit nous parlerons uniquement de la distilla­
est trop élevé. Le robinet 2 est muni d’un tion du produit fermenté des mélasses de
cadran qui facilite beaucoup la recherche betteraves.
du point d’ouverture de ce robinet nécessaire C’est à un éminent industriel, M. Du-
pour la bonne marche de l’appareil. brunfaut, que l’on doit l’industrie de la
Pour évacuer les vinasses de la chau­ transformation en alcool des mélasses du su­
dière, on ouvre le robinet n° 6, en réglant cre de betteraves. Aujourd’hui, la seule dis­
son ouverture de telle manière qu’il laisse tillation des mélasses produit, en moyenne,
écouler le volume de vinasses produit par la chaque année, 500,000 hectolitres d’alcool.
colonne, et ne laisse jamais monter cette C’est donc là une belle et grande industrie
vinasse trop haut dans la colonne ; 20 à agricole. M. Dubrunfaut a enseigné aux in­
25 centimètres de hauteur de liquide suffisent. dustriels et aux agriculteurs du nord de la
Telles sont les dispositions générales de France, non-seulement à retirer l’alcool des
1 appareil Désiré Savalle pour la fabrica­ mélasses de betteraves, mais encore à évapo­
tion des rhums aux colonies. rer le résidu de l’évaporation, et à le calciner,