Page 42 - Merveilles Industrie Tome 4
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                    certaine quantité de farine, qui forme  ainsi distendue au four, on retiendra le gaz
                    comme une sorte de cavité. Au milieu de  acide carbonique prisonnier dans l’enve­
                    cette cavité on verse de l’eau, et au milieu  loppe solide de la pâte cuite. Le pain ainsi
                    de cette eau, on place le levain dont on  préparé offrira bien plus de prise au suc
                    veut doubler le volume. C’est ce que les  gastrique, et sera, par conséquent, bien plus
                    ouvriers boulangers appellent mettre le  facilement digéré que ne le serait un simple
                    levain en fontaine.                       bloc de pâte compacte et non fermenté.
                      Il importe de faire observer que les heures   Voyons maintenant comment les boulan­
                    et les laps de temps indiqués plus haut pour  gers procèdent pour pétrir la pâte mé­
                    la préparation des levains, ne sont qu’ap­  langée de levain, pour la façonner en forme
                    proximatifs, et que la fermentation ou l’ap­  de pain, et pour la cuire.
                    prêt des levains dépend de diverses condi­  Pour pétrir la pâte, il faut d’abord mélan­
                    tions, parmi lesquelles la température joue  ger intimement l’eau, la farine et le levain.
                    un rôle prédominant. Le levain est dit/«me   On commence par verser dans le pétrin
                    ou vieux, selon que la fermentation est plus  une quantité d’eau assez grande pour for­
                    ou moins avancée. C’est avec le levain jeune  mer une pâte très-liquide, et l’on augmente
                    qu’on obtient le pain le meilleur et le plus  peu à peu la consistance de cette pâte par
                    blanc. Le levain qui a dépassé le temps de   des additions de farine. On ajoute aussi du
                    son apprêt produit au contraire un pain   sel (50 grammes par 15 kilogrammes de
                    moins bon et moins blanc.                 farine).
                      Voici comment on explique théorique­      Pour donner à cette pâte une consistance
                    ment les opérations successives qui sont  molle et élastique, on pétrit (fig. 22).
                    nécessaires pour la préparation de divers   Le pétrissage comprend le délayage, le
                    levains aboutissant au dernier et plus puis­  {rasage, le contre-frasage, le découpage et
                    sant levain, c’est-à-dire du levain de tout  le pàtonnage.
                    point.                                      Pour opérer le délayage, le pétrisseur
                      Le bloc de pâte que l’on a prélevé et con­  commence, comme nous l’avons dit, en par­
                    servé du dernier pétrissage , contient des  lant du levain, par préparer une fontaine,
                    champignons , c’est-à-dire des Saccharo-  en refoulant la farine, au moyen d’une
                    myces. Ces champignons trouvent dans les  planchette, contre la cloison mobile du pé­
                    matières azotées de ce premier bloc de pâte et  trin. Pendant ce temps le second aide fait
                    de la farine que l’on y ajoute, un milieu favo­  chauffer de l’eau, qu’il verse ensuite sur
                    rable à leur multiplication. Ils se dévelop­  le levain. Le pétrisseur délaye alors le
                    pent donc et s’accroissent en nombre, de  levain dans l’eau, de telle sorte que sa
                    levain en levain, jusqu’au levain de tout  distribution soit bien égale et qu’il ne reste
                    point, qui doit les répandre dans toute la  pas de grumeaux.
                    pâte et y provoquer la fermentation alcoo­  C’est par le {rasage que le pétrisseur com­
                    lique, c’est-à-dire transformer le sucre en  mence le mélange de la farine et du levain
                    alcool, en acide carbonique et en acide lac­  délayé dans l’eau, en tirant tour à tour dans
                    tique. Cette fermentation s’étant produite  la délayure les diverses parties de la farine
                    et le gaz acide carbonique s’étant dégagé,  qui doivent former la pétrissée jusqu’à ce
                    il exerce un effort sur la pâte qui l’entoure,  que toute la farine soit bien mangée, comme
                    et cette pâte se trouve distendue en minces  disent les ouvriers. Verser un excès de
                    pellicules. En même temps les globules d’a­  farine s’appelle, dans le même langage,
                    midon S’ouvrent. Quand on mettra cette pâte  brûler la frase.
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