Page 41 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE PAIN ET LES FARINES.                                 35


           Cependant on mélange quelquefois un     le presse et répand une légère odeur al­
         peu de levùre de bière au levain de pâte  coolique. Placé sur l’eau, il surnage. On
         fermentée, pour faciliter l’action de ce der­  nomme ce premier levain levain de chef.
         nier. On emploie même exclusivement la      Avec le levain de chef, on prépare, neuf
         levùre pour la confection des petits pains  heures plus tard environ, c’est-à-dire vers
         de luxe.                                  huit heures du matin, le levain de première.
           La figure 23 représente la levùre de bière
         vue au microscope. Les globules de levùre
         sont accompagnés, sur cette figure, de quel­
         ques globules d’amidon et de fécule (F).
           La levùre de bière et la levùre du pain
         sont des matières analogues, et même vrai­
         semblablement identiques, qui ont la pro­
         priété de transformer l’amidon de la pâte en
         dextrine, et de transformer cette même dex­
         trine en glucose (sucre), enfin de se multi­
         plier en détruisant ce glucose et en produi­
         sant du gaz acide carbonique, de l’alcool et
         de l’acide lactique.
           La substance organisée qui produit tous
         ces effets successifs est un champignon, un
         Saccharomyce, qui se développe dans la       Fig. 23. — Levùre de bière, vue au microscope.
         pâte de froment abandonnée à elle-même
         au contact de l’air. C’est ce champignon  Pour cela, on double le volume du levain
         qui provoque la fermentation panaire.     de chef, par une addition d’eau et de farine.
           Nous allons voir maintenant quelle série  On ne pétrit d’abord qu’avec la moitié de la
         d’opérations permet au champignon qui se  farine nécessaire pour doubler ce volume.
         trouve dans la petite quantité de pâte qui   On ajoute ensuite la seconde moitié de cette
         a été prélevée sur la fabrication précédente,   farine.
         de se multiplier et de se répandre dans     Vers deux heures de l’après-midi, on pré­
         toute la masse de la nouvelle pâte avec la­  pare le levain de seconde, à l’aide du levain
         quelle on fait le pain.                   précédent, dont on double le volume pat-
           Nous décrirons la manière de faire le  un moyen semblable. Ce levain de seconde
         pain dans les boulangeries de Paris.      est prêt environ trois heures plus tard, c’est-
           De minuit à deux heures du matin, l’ou­  à-dire vers cinq heures. Enfin, on renou­
         vrier prend un morceau de pâte provenant  velle le levain de seconde, en préparant vers
         de la dernière opération. La quantité de  onze \xmves&\isoiv\e.levaindetoutpoint, celui
         cette pâte dépend du nombre de fournées  que doit suivre immédiatement le pétris­
         qu’il doit faire cuire et du nombre de pains  sage de la pâte pour la confection du pain.
         composant chaque fournée. Après un repos    Ces diverses opérations, c’est-à-dire la
         de six à sept heures, à une température de  préparation successive de levains, se font
         + 30 à -J- 35°, ce morceau de pâte a fer­  dans une caisse de bois qu’on appelle, à
         menté. Il s’est gonflé, il a doublé de volume;   Paris, le pétrin, et en province la huche. A
          il a pris un aspect lisse et uni. Il présente  cet effet, l’ouvrier amoncelle contre une
          alors une certaine résistance à la main qui   planche mobile qui sert de cloison, une
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