Page 409 - Merveilles Industrie Tome 4
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LA BIÈRE.                                   403

         cédé de la fabrication de la bière, les princi­  l’exiguité de leurs ateliers, pour comprendre
         paux appareils qui sont en usage à la brasse­  qu’il soit impossible d’v fabriquer de la
         rie Fanta : la cuve-matière, la chaudière à  véritable bière. Une quantité insuffisante de
         cuire, le germoir, la touraille, etc. Nous  malt et de houblon, et une énorme quantité
         mettrons maintenant sous les yeux du lec­  de sucre de fécule, servent à brasser ces li­
         teur (fig. 227, page 405) une vue de l’atelier  quides plats, sans saveur, sans bouche, selon
         qui réunit la cuve-matière, la chaudière à  le terme technique, que l’on vend à Paris
         cuire, et la cuve à filtre, c’est-à-dire ce que   dans les cafés de second ordre, et qui n’ont
         l’on nomme, en termes techniques, le brassin  de la bière que le nom.....  et le prix.
         de la brasserie Fanta.                      Sans nous arrêter davantage à ces produits
           La légende qui accompagne cette figure  frelatés, nous décrirons la véritable fabri­
         fait connaître l’usage de chacun des appa­  cation honnête cl loyale de la bière double
         reils ou chaque organe d’appareils qui sont  de Paris.
         réunis dans cet atelier.                    La marche générale de la fabrication de
                                                   la bière à Paris, consiste en un ensemble
           Nous passons à la fabrication de la bière  d’opérations rapides, dans une saccharifica­
         de Paris proprement dite, celle que l’on  tion complète du malt, et dans une fermen­
         nomme bière double et petite bière.       tation prompte, d’après le procédé de la fer­
           Voici la série des opérations que l’on  mentation superficielle. La bière double de
         exécute dans les brasseries de Paris ou  Paris est donc la bière haute, tandis que les
         de ses environs, pour préparer la bière  bières d’imitation allemande sont de la
         double.                                   bière basse.
           Ce qui caractérise, disons-le tout de suite,   Après avoir introduit le malt dans la cuve-
         et ce qui caractérise malheureusement la  matière, on ajoute l’eau à la température
         fabrication de la bière à Paris, c’est l’addi­  de -|- 50“ à 60°, en proportion convenable
         tion du glucose au moût de bière. C’est  pour produire Y empâtage, ou la salade,
         Payen qui eut le tort de proposer, comme un  comme le disent les Allemands. On brasse
         prétendu perfectionnement de la fabrica­  alors vigoureusement, et on fait arriver, jus-
         tion de la bière, l’addition du glucose au  qu’an fond de la cuve-matière, de l’eau à
         moût. Cette addition n’est rien autre chose,  4- 90°. On couvre la cuve et on laisse reposer
         au fond, qu’une falsification. Remplacer une  une heure et demie. Après ce temps, la pre­
         partie du malt par du glucose, n’est pas  mière trempe est soutirée et envoyée dans un
         chose indifférente, car le malt ne cède pas  bac d’attente; puis on donne au malt la se­
         seulement du sucre à l’eau ; il lui cède de  conde trempe, avec de l’eau presque bouil­
         la dextrine, ainsi que des matières albu­  lante. On brasse une demi-heure et on
         minoïdes et sapides, qui contribuent à  laisse reposer une heure et demie ; puis on
         donner à la bière ses qualités spéciales.   soutire la seconde trempe, que l’on réunit à
         Fabriquer de la bière avec du glucose, c’est  la première. On fait ensuite la troisième
         ouvrir la porte à toutes les tentations de  trempe avec l’eau bouillante, on brasse et
         la fraude. La cupidité, la hâte du travail, la  on laisse reposer une heure. On soutire
         concurrence, font trop aisément franchir  cette troisième trempe, que l’on réunit aux
         les limites que l’on doit s’imposer dans les  précédentes, puis on épuise le malt par
         quantités deglucose que l’on ajoute au moût.   des arrosages d’eau chaude.
         Certains brasseurs de Paris font, on peut le   Pendant que le malt recevait la troisième
         dire, delà bière en chambre. Il suffit de voir  trempe, les deux premières avaient été en­
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