Page 410 - Merveilles Industrie Tome 4
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404                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   voyées à la chaudière à cuire, et chauffées  moût une coloration un peu moins brune.
                   avec lenteur et précaution.                  Quand on ajoute du glucose à lajoeZzïe
                      Quand toutes les trempes sont réunies,   bière ou à la bière double, il faut employer
                   on y introduit le houblon, et l’on fait cuire  une plus grande quantité de levûre que pour
                   toute la cuvée pendant quatre heures, avec  la fermentation des moûts de malt pur,
                   la quantité voulue de houblon. Après ce  parce que le sucre, en se décomposant,
                   temps, on vide la chaudière, et on reçoit le  consomme la levûre.
                   liquide dans le bac à houblon; on laisse en   Dans les brasseries de Paris, on pose en
                   repos pendant deux heures, après qu’on a  principe qu’on provoque une marche rapide
                   séparé, par le passage à travers- les trémies  de la fermentation au moyen d’une forte
                   métalliques, le houblon cuit.              addition de levûre, et souvent on arrive ainsi
                     La bière est alors envoyée aux bacs refroi-  à faire accomplir la fermentation en douze
                   disseurs, puis au réfrigérant. Quand sa tem­  heures.
                   pérature est d’environ -j- 23°, on ajoute la   La petite bière est mise à fermenter dans
                   levûre.                                    le tonneau même qui servira à la transpor­
                     Ap rès quelques jours de fermentation,   ter, c’est-à-dire dans les quarts et demi-
                   on transvase la bière dans les quarts où  quarts : les premiers contiennent 75 litres,
                   elle doit subir sa seconde fermentation.   les autres de 37 à 38 litres.
                   Pendant que cette seconde fermentation       Quand la fermentation tumultueuse est
                   s’accomplit, on a soin de remplacer le li­  terminée, on livre la bière aux clients dans
                   quide sorti par la bonde par de nouvelle  les mêmes fûts et sans aucun transvase­
                   bière, en d’autres termes, on opère deux ou  ment. V& petite bière est collée et clarifiée,
                   trois ouillages. Au bout de trois ou quatre  comme la bière double, avec de la colle de
                   jours on ferme les quarts, et, au moment de  poisson, dans la cave du débitant, et peut
                   les expédier, on colle à la colle de poisson.  alors être consommée.
                     La bière de mars et la bière de garde, qui
                   ne doivent être consommées, comme les biè­   Marseille, Lyon, Lille et Tantonville,
                   res anglaises, qu’après une assez longue ma­  près de Nancy, fabriquent une bière ex­
                   turation, sont mises dans des tonnes de matu­  cellente.
                   ration, contenues dans des celliers à basse   A Marseille, M. Velten a beaucoup perfec­
                   température. On ne les colle pas, leur cla­  tionné cette industrie, qui jusque-là n’avait
                   rification s’opère spontanément parce long  existé dans cette ville que dans de très-
                   repos. La bière est en état d’être consom­  mauvaises conditions, et donné que des
                   mée au bout de quatre mois.                produits très-inférieurs. M. Velten est ar­
                     Nous supposons ici que l’on n’introduit  rivé à fabriquer en toute saison des bières
                   point de glucose dans le moût, et nous ne  excellentes, qui peuvent rivaliser avec les
                   dirons pas à quelle époque de l’opération  bières allemandes pour la limpidité et avec
                   cette introduction se fait, car nous enten­  les bières anglaises pour la durée.
                   dons décrire le procédé, normal pour ainsi   M. Velten donne à ses bières la propriété
                   dire, la méthode type, pour la prépara­    de se conserver, grâce à l’emploi du système
                   tion de la bière double de Paris.          Pasteur, c’est-à-dire en les refroidissant à
                     La préparation de la petite bière est- la  l’abri du contact de l’air, et en employant
                   même que celle de la bière double, à cela  de la levûre préparée dans les conditions
                   près que l’on n’emploie que la moitié du  recommandées par M. Pasteur. C’est le gaz
                   malt et du houblon et qu’on communique au  acide carbonique qui sert à M. Velten à
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