Page 405 - Merveilles Industrie Tome 4
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LA BIERE.                                   399


         tic de la Lorraine. Hors de cette porlion, assez  verts d’une couche épaisse d’un bon ciment.
         limitée, de la France, la consommation de la   La température du touraillage commence
         bière est une question d’estaminet, une af­  à 50° et est portée parfois à + 90°, suivant
         faire de goût personnel. La bière n’est qu’un   que l’on veut du malt pâle ou coloré.
         accessoire parmi les substances que l’on    La touraille se compose d’un grillage en
         sert comme rafraîchissement dans nos cafés.   métal, soutenu par des barres de fer. La
         Elle ne constitue pas, chez nous, comme en   pièce qui renferme le grain est chauffée par
         Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en  les tuyaux d’un calorifère à air chaud, qui
         Hollande, une boisson essentielle entrant  permet de mieux régler la température.
         dans l’alimentation quotidienne.          Ces tubes sont prismatiques, et aucun grain
           Nous nous occuperons d’abord de la fa­  qui s’échappe à travers le plancher métal­
         brication de la bière à Paris.            lique, ne peut séjourner à leur surface.
                                                     Unevisd’Archimèderemontele grain dans
           L’industrie de la fabrication de la bière a  le grenier à malt.
         subi, à Paris, depuis quelques années, une   Les radicelles et résidu servent d’engrais.
         transformation complète. Les bières de Ba­  Le grain est broyé par des broyeurs cy­
         vière et d’Autriche ayant pris, depuis 1867,   lindriques en fonte, avec lames obliques, qui
         une grande faveur dans le public, plusieurs  écrasent le grain sans séparer l’enveloppe
         brasseries parisiennes ont modifié leur mé­  de l’amande.
         thode, et se sont mises à fabriquer de la   Les opérations, jusqu’à ce point, sont
         bière façon Bavière ou façon Vienne.      celles de la brasserie en général. Pour la
           De toutes les brasseries parisiennes qui ne  suite de ces opérations, celles qui caracté­
         livrent au public que la bière de Bavière,  risent la brasserie bavaroise, nous laisserons
         la grande brasserie de Puteaux, dirigée  parler M. Barreswill.
         d’abord par M. Boucherot, ensuite par
         M. Peters, et aujourd’hui par M. Riester,   « Tandis que pour la bière anglaise, on procède
                                                   par infusion, pour la bière bavaroise on a recours,,
         est une des plus importantes.
                                                   dit Barreswill, dans son Rapport à la Société d’encou­
           Nous avons également cité la brasserie   ragement, à la décoction, qui dure de quatre à six
         Fanta de Sèvres, comme produisant une     heures, suivant la saison. L’eau est d’abord froide
         grande partie des bières dites de Vienne, qui   pour l’empàtage, c’est-à-direàsa température propre.
                                                   Après que l’empâtage a eu lieu, on donne l’eau
         se consomment aujourd’hui à Paris.
                                                   chaude et la masse est vaguée pendant une demi-
           Nous donnerons, d’abord, d’après un     heure. Cette opération se fait mécaniquement dans
         rapport fait à la Société d'encouragement   des cuves-matiéres de 4 mètres environ de diamètre.
                                                   On soutire ensuite la moitié du liquide qu’on porte à
         par Barreswill, la description des procédés
                                                   l’ébullition dans une chaudière, et on verse ce li­
         qui servent à fabriquer les bières viennoises   quide chaud dans la cuve en quantité nécessaire
         à la brasserie Riester ; nous parlerons en­  pour porter la masse à 4- 60° centigrades, et en
                                                   brassant fortement. Après une demi-heure, on sou­
         suite de la brasserie Fanta.
                                                   tire encore une partie du liquide dans la chaudière,
           Pour fabriquer la bière dite de Vienne,   on chauffe et on verse dans la cuve-matière pour
         à la brasserie Riester, à Puteaux, on com­  porter la masse à la température de -f- 72 à 73° cen­
                                                   tigrades. Ces soutirages ont conduit à la chaudière
         mence par faire tremper le grain environ
                                                   et cuit les deux tiers du liquide ou moût. Cette
         vingt-quatre heures ; puis on l’étend sur le   cuisson du moût trouble reçoit le nom de Dichmais-
         plancher de vastes germoirs, d’environ 30   che (cuisson à malt trouble ou épais).
         mètres de long, sur une largeurvariable, qui   « Les trempes achevées, le liquide devenu clair est
                                                   définitivement soutiré et envoyé à la chaudière, le
         sont voûtés et parfaitement inaccessibles à la   résidu du grain, ou drèche est mis de côté, et vendu
         chaleur extérieure, et dont les murs sont cou­  pour l’alimentation du bétail.
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