Page 354 - Merveilles Industrie Tome 4
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               d’opérer la clarification de la bière par l’é­  et le porter très-forts, on va même jusqu’à
               bullition du liquide, qui coagule les matières  prendre un 1 kilogramme à lkil,30 de bon
               albumineuses contenues dans le moût et de  houblon.
               faire dissoudre dans le même liquide une    La figure 205 représente la coupe trans­
               certaine quantité du principe soluble des  versale de la chaudière pour la coction de la
               fleurs de houblon.                        bière. C’est un grand réservoir en cuivre,
                 L’ébullition avec le houblon a pour pre­  dont la profondeur est de 2”,58 environ.
               mier effet de précipiter, par le tannin que   Un agitateur, DD, mû par une tringle A,
               le houblon renferme, les matières albumi­  grâce à une poulie de renvoi E, qui lui
               noïdes tenues en dissolution dans le moût,  transmet l’action du moteur de l’usine,
               et de compléter ainsi la clarification. Elle  brasse continuellement le liquide pour em­
               donne à la bière une odeur et une saveur  pêcher le houblon de se brûler au contact
               forte et particulière, grâce à l’huile essen­  des parois inférieures de la chaudière, qui
               tielle que contient le houblon; enfin elle  sont en contact direct avec le feu.
               met obstacle au développement de la fer­     Les chaudières à air libre font perdre une
               mentation acide dans la bière.            partie de l’arome du houblon. C’est pour cela
                 Une longue ébullition du moût, en con­  que l’on fait usage de chaudières fermées,
               tact avec le houblon, aurait un grand incon­  disposées de manière à empêcher la volati­
               vénient : celui de volatiliser une partie de  lisation de l’huile essentielle de houblon
               l’huile essentielle du houblon, et de faire  entraînée par la vapeur.
               perdre ainsi une partie de l’arome de la     La cuve que représente la figure 205 est re­
               bière. Il faut prendre ses mesures pour ne  couverte d’un hémisphère en cuivre, pourvu
               pas employer un excès d’eau, et n’avoir pas  d’un large conduit, B, qui empêche la trop
               besoin de recourir à une longue évaporation.   grande évaporation de l’huile essentielle
               Autrefois, pour la fabrication des bières  du houblon, et qui fait échapper par ce
               fortes, on faisait bouillir le moût avec le  conduit les vapeurs d’eau mêlées à ces va­
               houblon pendant dix à douze heures ; mais  peurs odorantes dans une cheminée particu­
               on peut obtenir des bières très-fortes avec  lière. On voit, sur cette figure, les sections
                                                                                                                                      Fig. 205. — Coupe de la chaudière à cuire d’une brasserie,
               une ébullition de une ou deux heures, en ne  des quatre rangées de tubes d’un serpen­
               prenant pour le brassage que les quantités  tin, CC. Ce serpentin est destiné à recevoir
               d’eau rigoureusement nécessaires.         un courant d’eau froide, s’il faut refroidir             La question ne nous semble pas discutable.   nousrepréscntonsla coupe dansla figure 205^
                 Les quantités de houblon et la durée de  plus vite le liquide après la coction.                  On ne voit pas quel genre d’inconvénients  la chaudière est chauffée à feu nu. On voit
               la décoction varient, du reste, selon la force   C’est une question de savoir si les chau­         aurait un mode de chauffage qui empêche  donc que les deux modes de chauffage ont
               que l’on veut donner à la bière et selon la  dières des brasseurs doivent être chauffées à         de dépasser le terme de 100° et de travailler  chacun leurs partisans.
               qualité du houblon. A Paris, où l’on ne  feu nu ou à la vapeur.                                    avec les facilités qui résultent d’un chauf­
               fabrique pas de bière très-forte, on emploie   Avec le chauffage par un courant de va­             fage par la vapeur.                          Dans les brasseries allemandes, où l’on
               à peu près 450 à 500 grammes de houblon  peur, on a l’avantage de n’employer qu’un                   Dans la brasserie de Puteaux, dont nous  opère par décoction et en faisant repas­
               par hectolitre de malt brassé, pour la bière  seul foyer pour toute la brasserie ; on peut         aurons à parler plus loin, les chaudières à  ser plusieurs fois le moût bouillant sur le
               double ordinaire. La petite bière s’obtient  arrêter à volonté et instantanément le chauf­         cuire sont chauffées par un courant de  malt, pour l’épuiser de toute matière solu­
               avec moitié moins de houblon. En Angle­   fage, en fermant simplement un robinet ; et              vapeur, et la vapeur condensée retourne  ble, il faut nécessairement une seconde-
               terre, les quantités de houblon employées  l’on risque moins de dépasser la tempéra­               au générateur. Cette disposition existe de­  chaudière, qui serve à emmagasiner le pro­
               sont plus considérables. Pour la bière forte,  ture voulue. Voilà des avantages de premier         puis de longues années dans cette brasserie  duit de la première décoction par l’eau
               qui est très-aromatique et parfaitement  ordre. C’est donc bien gratuitement que l’on              et les avantages de ce système sont de toute  chaude. Cette seconde chaudière est pourvue
               claire, on prend à peu près 700 grammes de  prétend, en Allemagne, que le chauffage des            évidence.                                  d’un fil tre, pour séparer le houblon qui reste
               houblon par hectolitre de malt. Pour X'ale  chaudières par la vapeur a des inconvénients.            Dans la brasserie Fanta, à Sèvres, dont  en suspension et qui provient de la chau-
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