Page 349 - Merveilles Industrie Tome 4
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LA BIÈRE.                                   343


            M. Rohart, l’auteur d’un Traité de la fa­  empêcher que la matière ne soit réduite en
          brication de la bière (1), qui a joui d’un assez  poudre et non en morceaux, que le malt ait
          grand crédit à l’époque de sa publication,   une certaine humidité. C’est pour cela que
          s’élève fortement contre l’emploi de l’air  l’on attend quelques jours, avant de l’écra­
          chaud dans les tourailles (ce que l’on appe­  ser, pour que le grain sortant de la touraille
          lait alors le système Chaussenot). Il attri­  ait le temps d’absorber un peu d’humidité
          bue à ce système toute sorte de méfaits. Cette ,  à l’air et soit devenu plus souple. Si l’on est
          opinion n’a pourtant pas prévalu, puisque J  pressé, on l’arrose d’un peu d’eau, au mo­
          l’on fait souvent usage aujourd’hui, comme  ment de le broyer.
          nous l’avons dit, des tourailles à air chaud,   Des meules ordinaires de moulin à blé, —
          ou d’une combinaison de ce système avec  c’est-à-dire des disques de pierre meulière
          le chauffage à feu nu.                    disposés horizontalement, dont l’un est fixe
            On construit quelquefois des tourailles  et l’autre mobile et tourne sur un support de
          doubles, c’est-à-dire des tourailles dans les­  fer, nommé anille, — servaient, dans les an­
          quelles on établit au-dessus de l’aire ordi­  ciennes brasseries, au concassage ou au
          naire de torréfaction, une deuxième aire  broyage du grain. Aujourd’hui on fait usage
          distante de la première d’environ un mètre.  d’appareils de concassage plus efficaces.
          La première sert à dessécher le malt, la se­  Nous disons concassage ou broyage, et non
          conde à le torréfier. Cette disposition existe  pidvèrisation ou réduction en farine. Il serait,
          dans la touraille que représente la figure 201,   en effet, très-défectueux d’écraser le malt
          et dans laquelle on voit deux planchers mé­  au point de le réduire en farine, car une
          talliques superposés.                     farine de malt se laisserait mal pénétrer
            Quel que soit l’appareil dont on fasse  par l’eau ; elle se prendrait en une masse
          usage pour la dessiccation et la torréfaction  ou en petites pelotes, que l’eau atteindrait
          de l’orge germée, il est nécessaire de retour­  difficilement pour les dissoudre. On se borne
          ner plusieurs fois l’orge pendant le cours  donc à concasser, à broyer légèrement le
          de l’opération.                           grain entre les deux meules, en faisant va­
            Quant au temps nécessaire pour le Zozz-  rier l’écartement des meules selon le degré
          raillage de l’orge, il est de 36 à 48 heures  de division que l’on veut obtenir.
          dans les tourailles à feu nu et de 12 heu­  Dans les brasseries allemandes et an­
          res au plus dans les appareils à air chaud.  glaises, on fait usage, pour concasser le
                                                    malt, de cylindres de fer entre lesquels on
            Broyage du malt. —Pendant la dessicca­  verse le grain. On peut rapprocher à vo­
          tion de l’orge dans la touraille, les radicelles,  lonté ces cylindres, selon que l’on a besoin
          devenues sèches et friables, se sont séparées  d’un broyage plus ou moins grand. Des
          en partie du grain. Pour en débarrasser com­  racloirs, qui s'appuient contre la surface des
          plètement le grain, on fait passer le malt  cylindres, les nettoient continuellement.
          desséché dans un tarare de meunier. Le      Dans d’autres brasseries de l’Allemagne,
          courant d’air, engendré par la rotation de  on se sert, pour concasser le malt, d’un appa­
          l’axe, chasse ces légères particules, et le  reil qui ressemble a un grand moulin à calé.
          malt est alors prêt à être concassé.      C’est à peu près le même appareil de broyage
            Le malt est très-cassant, la moindre pres­  que nous avons décrit et figuré dans ce re­
          sion suffit pour l’écraser; il est même né­  cueil, pour la pulvérisation de l’asphalte (1 ).
          cessaire, pour faciliter le broyage, et pour   Le moulin à malt de la brasserie Fanta est
            (1) 2 vol. in-S”. Paris, 1848, tome I", pages 228-248.  (.1) L’asphalte et les bitumes, tome III, page 654.
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