Page 344 - Merveilles Industrie Tome 4
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                duits aux diverses brasseries de la Grande-   Il est essentiel de rejeter la première
                Bretagne.                                 eau, qui est d’une couleur brune et d’une
                  Pour procéder au mouillage de l’orge, on  odeur particulière, car cette eau a une grande
                fait cette opération dans une vaste cuve en  tendance à s’aigrir et à subir la fermentalion
                tôle, que l’on remplit d’eau à moitié et dans  lactique ou butyrique. On renouvelle donc
                laquelle on verse le grain, en l’agitant con­  l’eau du mouillage au moins deux fois, ou
                tinuellement. On ajoute ensuite une nou­  mieux toutes les fois que l’on s’aperçoit
                velle quantité d’eau suffisante pour que la  que l’eau a pris un goût aigre.
                graine soit recouverte de 1 à 2 décimètres   La durée du mouillage dépend de l’espèce
                de ce liquide, et l’on recommence l’agitation  d’orge et de la température extérieure. En
                en se servant d’un râteau. Les grains les plus  Angleterre, elle est de 40 heures ; en France,
                légers viennent à la surface. Ce sont des  de 24 à 30 heures seulement. Dans d’autres
                grains altérés, stériles ou avariés, qui sont  pays, elle varie de 40 à 60 heures. Un mouil­
                privés de leur propriété germinative. Il faut  lage trop long serait, d’ailleurs, nuisible,
                les rejeter, car ils ne céderaient rien à l’eau  car il enlèverait au grain une partie de
                et donneraient un mauvais goût à la bière.  sa force de végétation. On doit l’arrêter lors­
                On enlève donc avec le râteau, ou un autre  que le grain, également gonflé dans toutes
                outil, les grains légers qui viennent former  ses parties, se laisse facilement transpercer
                une écume à la surface de l’eau : ils servent,   par une aiguille.
                sous le nom d’orbe d’écumage à la nourri­   Le moyen suivant est encore recommandé.
                ture du bétail.                           On presse entre les doigts l’orge mouillée ;
                  Nous représentons dans la figure 199 la  si la substance de la graine reste contenue
                cuve à mouiller le grain de la brasserie Fanta  dans son enveloppe, c’est qu’elle n’est pas
                à Sèvres.                                 encore suffisamment imbibée d’eau. Si, au
                  Le grain arrive par le tube A, dans la cuve  contraire, l’enveloppe se rompt sous la pres­
                préalablement remplie d’eau. Quand l’eau  sion des doigts, c’est que le mouillage est
                est demeurée en contact avec l’orge le  convenable. Si la farine exsudait le long des
                temps nécessaire pour la mouiller et la gon­  doigts, sous la forme d’un liquide laiteux, le
                fler, on évacue cette eau, en soulevant, au  mouillage aurait été trop prolongé.
                moyen de la manivelle M, le tampon B, qui   On peut encore prendre pour règle que le
                est attaché à la tige CG'. Un taquet, a, étant ar­  grain d’orge, frotté sur un morceau de bois,
                rêté par le buttoir b, empêche la tige CC de  laisse une traînée farineuse.
                s’élever davantage, et l’eau s’écoule par le   L’orge convenablement mouillée a une
                canal D,E. Quand on veut faire écouler le  odeur aromatique, qui rappelle celle des
                grain lavé et gonflé, on écarte le taquet b,   pommes. La quantité d’eau qu’elle absorbe,
                qui est à charnière, et par l’effet de la ma­  dans cette circonstance, est, comme nous
                nivelle M, du pignon et de la roue den­   l’avons dit, de 40 à 50 pour 100, et son vo­
                tée, on retire la tige CC' entièrement hors  lume augmente de 18 à 20 pour 100.
                de la cuve, aucun obstacle ne s’opposant à   Le grain étant suffisamment gonflé, on
                son ascension, puisque le taquet û est écarté.   fait écouler l’eau et on arrose ce même grain
                Le grain peut donc s’écouler par le canal DE.   d’une dernière quantité d’eau, que l’on sou­
                Une valve, D, sertà régler la sortie du grain.  tire tout aussitôt, et qui entraîne une matière
                  L’eau ramollit la substance du grain, la  visqueuse, qui se développe surtout en été.
                gonfle, et, en même temps, elle dissout les  On laisse la graine s’égoutter pendant une
                parties solubles qui s’y trouvent contenues.  demi-journée, et on la retire de la cuve où elle
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