Page 348 - Merveilles Industrie Tome 4

342 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

On appelle touraille, nom d’une origine fumée renferme. On est forcé de choisir le
fort ancienne, et qui est encore en usage de combustible qui produit le moins de fumée
nos jours, l’étuve qui sert à tuer, par une tem­ et de brûler des boisa flamme claire, comme
pérature élevée, la jeune plante née de la ceux de hêtre, de charme ou d’orme, ou de
graine germée. la houille, ne donnant aucune fumée.
La touraille la plus ancienne, celle qui Pour éviter cet inconvénient, on chauffe
est encore en usage dans la plupart des bras­ aujourd’hui assez souvent les tourailles par
series allemandes, françaises et belges, se les tuyaux d’un calorifère à air chaud. De
compose d’un plancher, C, carré, de 5 à cette manière les gaz venant du foyer ne sont
6 mètres de côté, en toile métallique. Ce pas en contact avec le malt, qui est simple­
plancher métallique est porté sur des barres ment traversé par un courant d’air chauffé
de fer fixées elles-mêmes dans les parois de la au contact des parois du foyer.
construction. Le malt est étalé sur le plan­ La touraille de la brasserie Reister, de
cher C, par-dessus un foyer A, à une dis­ Puteaux, est chauffée par ce système. Les
tance d’environ 4 à 6 mètres de hauteur. tuyaux, venant d’un calorifère de cave, arri­
Le foyer est enveloppé d’une voûte percée vent au-dessous du treillage métallique qui
de conduits b, b, qui apportent l’air destiné forme la paroi inférieure de la chambre
à alimenter la combustion. Il est recouvert dans laquelle le malt est étalé. L’aiï chaud,
d’une espèce de toit en tôle, B, qui est des­ après avoir traversé la pièce et chauffé le
tiné à empêcher que les radicules des grains malt à 80° environ, s’échappe par un
qui passent à travers les mailles du plancher orifice percé au plafond.
métallique, ne tombent dans le feu et ne On emploie en Angleterre un système
produisent de la fumée. Les produits de la tout semblable. On ne se sert, pour opérer
combustion se répandent sous la coupole la torréfaction, que d’air chaud exempt de
métallique B, et s’y mêlent avec l’air frais fumée. On ferme toute communication
venu du dehors par les orifices b,b, de ma­ entre le foyer et l’espace vide situé entre
nière à former un mélange dont la tempé­ ce foyer et le plancher métallique, et l’on
rature ne soit pas trop élevée. L’air chaud fait circuler la fumée dans un tuyau qui
traverse la couche d’orge, étalée sur le pre­ part de la voûte du foyer. Ce tuyau forme
mier plancher métallique C, puis sur le des zigzags dans l’espace vide au-dessous de
second plancher D, où se trouve une se­ la toile métallique, et débouche dans une
conde couche de malt qu’il faut échauffer cheminée spéciale. L’air, amené du dehors
moins, car il ne s’agit que de le dessécher. dans cet espace vide, s’échaufle au contact des
Après avoir traversé les deux planchers C tubes, et traverse ensuite la couche d’orge.
et D, l’air chaud s’échappe par la chemi­ Dans les grandes brasseries de la Ba­
née, E. vière on emploie une combinaison de tou­
La figure 201 représente la touraille de raille à air chaud et de touraille à fumée.
la brasserie Fanta, à Sèvres, que nous ve­ On profite de la chaleur du foyer des chau­
nons de décrire. dières à brasser pour chauffer de l’air con­
La disposition qui consiste à faire passer tenu dans un tuyau de tôle en spirale, qui
à travers les couches d’orge les produits de va chauffer le malt étalé sur une aire
la combustion d’un foyer, expose, quand le percée de trous.
feu n’est pas bien conduit, à donner au grain Cette disposition évite le contact du malt
un mauvais goût, par le contact de la fumée avec la fumée, mais le tirage est imparfait
et des produits empyreumatiques que cette et la température n’est jamais constante.