Page 284 - Merveilles Industrie Tome 4
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278                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                  les préférences des consommateurs. Ce sont,   naît le nombre considérable de substances
                  en effet, les peuples du Nord, les Américains,  que renferme ce liquide, et le peu de stabi­
                  les Anglais, les Danois, qui recherchent ces  lité chimique de la plupart de ces substances.
                  vins alcoolisés et excitants, pour combattre   Malgré la présence de l’alcool qui, seul, peut
                  la rigueur de leur climat et les brumes de  le préserver de graves altérations, le vin est
                  leur pays. Ce type naturel une fois arrêté,   donc sujet à beaucoup de modifications ou
                  on a été forcé de s’y conformer dans les ré­  d’altérations naturelles, qui le rendent im­
                  gions d’origine, à Madère, à Porto, à Ma-  propre à la boisson. Nous allons étudier ces
                  laga, etc., et nos vins d’imitation sont for­  altérations naturelles, qu’il faut bien distin­
                  cés de se conformer eux-mêmes au type  guer des falsifications, produites par la
                  consacré.                                 main coupable du fraudeur, et que nous
                    Les madères, les portos, les malagas de   examinerons dans un autre chapitre.
                  Cette, de Narbonne et de Mèze, ne sont      Chaptal, à qui l’on doit de très-belles re­
                  donc pas, comme on le dit trop légère­    cherches sur le vin, et dont le Traité sur l’art
                  ment, des vins fabriqués de toutes pièces :   de faire le vin donna, au commencement de
                  ce sont des vins de liqueur obtenus par  notpe siècle, le signal des études scientifiques
                  les moyens les plus simples, et avec les élé­  sur ce liquide alimentaire, se préoccupa le.
                  ments ordinaires des vins. Nous ne compre­  premier des altérations spontanées ou des
                  nons pas bien que l’on considère comme un  maladies du vin. Il les attribuait à un excès
                  vin naturel le vin de Champagne qui a subi,  de ferment, ce qui empêcha de creuser
                  outre une addition de sucre candi, l’intro­  plus profondément la question. C’est aux
                  duction, faite dans la proportion d’un quart  belles recherches de M. Pasteur que l’on
                  de son volume, d’une mixture, d’une sauce,  doit la connaissance de la véritable cause
                  composée de quinze à vingt substances,parmi  des altérations spontanées ou des maladies
                  lesquelles figure un véritable poison, l’alun,   du vin.
                  tandis que l’on déclare fabriqué un composé   On admet aujourd’hui, avec cet éminent
                  de tous les éléments naturels du vin.     chimiste, que ces altérations viennent de
                     Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au  causes tout extérieures :
                  delà, disait Pascal. Nous dirions volon­
                  tiers : Nature en Champagne, art en Lan­    « La source des maladies propres au vin résulte,
                                                            dit M. Pasteur, de la présence de végétations parasi­
                  guedoc.
                                                            taires microscopiques qui trouvent en lui des condi­
                                                            tions favorables à leur développement et qui l'altè­
                                                            rent soit par soustraction de ce qu’elles lui enlèvent
                                                            pour leur nourriture propre, soit principalement par
                               CHAPITRE X                   la formation de nouveaux produits qui sont un effet
                                                            même de la multiplication de ces parasites dans la
                                                            masse du vin.»
                  ALTÉRATIONS SPONTANÉES, OU MALADIES DES VINS. —
                    L’ACESCENCE. — LES VINS TOURNÉS. — LA MALADIE
                    DE LA POUSSE. — LES VINS AMERS. — LES VINS   Ce qui veut dire que les maladies des
                    VIEILLIS. — LE VINAGE ET LE CHAUFFAGE EMPLOYÉS
                                                            vins sont dues, chacune, à des ferments orga-
                    COMME MOYEN DE TRAITEMENT DES VINS MALADES. —
                    PRINCIPAUX APPAREILS POUR LE CHAUFFAGE DES VINS. | niques spéciaux. Examinons ces altérations,
                    —  l’appareil PERRIER. — l’appareil GIRET ET   dont les principales sont désignées sous les
                    V1NAS. — L’APPAREIL SAINT-JO \NNIS DE MARSEILLE.
                                                            noms Nacescence, de pousse, de graisse et
                    —  CHAUFFAGE DES VINS EN BOUTEILLES.
                                                            N amertume ou goût de vieux.
                    Le vin est une matière très-altérable, et   On appelle vins piqués, ou fleuris, ceux à
                  on le comprend sans peine quand on con­   la surface desquels il se forme des produc-
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