Page 282 - Merveilles Industrie Tome 4
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276                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               toute espèce d’origine, en choisissant ceux   duits avec l’indication d’origine, sous le nom
               qui se troublent et s’altèrent le moins par  de Xérès de Cette, de Malaga de Cette ; celles
               l’acide carbonique, et on les sature de ce gaz   de Bourgogne, sous le nom de Porto de
               dans le saturateur de l’un des appareils à   Bourgogne, etc. Cette fabrication, parfaite­
               fabriquer l’eau de Seltz que nous avons  ment loyale, se borne à reproduire avec les
               décrit dans notre Notice sur les Boissons  vins blancs du Midi les vins liquoreux qui
               gazetizes. On obtient ainsi des vins mous­  s’obtiennent en Espagne, en Sicile, dans
               seux, que l’on peut, par une tolérance qui ne   Pile de Madère, etc., en ajoutant du moût
               trompe personne, appeler vins de Cham­    sucré et de l’alcool au jus du raisin.
               pagne et que l’on vend deux francs la bou­  La fabrication de? vins exotiques ne res­
               teille.                                   semble à aucune de celles que nous avons
                 Nous n’entrerons dans aucun détail sur  décrites ; c’est donc le lieu de la faire con­
               cette industrie, d’un ordre infime et qui ne   naître.
               donne que des produits sans aucune valeur   En Espagne et dans les îles espagnoles,
               commerciale.                              pour fabriquer le xérès, le malvoisie, l’a-
                                                         licante, le madère, lepriorat de Tarragone;
                                                         dans le Portugal, pour obtenir le porto ; en
                                                         Sicile etdans les îles de Chypre, pour le mar-
                                                         sala etle Chypre, etc.,on opère comme ilsuit.
                            CHAPITRE IX
                                                           Après avoir recueilli les raisins blancs ou
                                                         noirs du pays, quand ils sont très-mûrs et
               LES VINS D’iUlTATlON : LE MADÈRE, LE MALAGA ET LE
                 MALVOISIE DE C.ETTE, LE PORTO DE BOURGOGNE, ETC.   très-sucrés, on les met sous le pressoir, et on
                 — PROCÉDÉS POUR LA PRÉPARATION DU MADÈRE, DU
                                                         recueille le moût dans des tonneaux, où on
                 MALAGA, DU MALVOISIE NATURELS. — PROCÉDÉS SUIVIS
                                                         les laisse fermenter très-peu de temps. On
                 DANS L’HÉRAULT POUR I.’lMITATION DE CES VINS.
                                                         les additionne ensuite d’une dose d’alcool
                 L’imitation des vins fortement alcooliques  de bon goût, capable de porter leur titre à
               et sucrés, c’est-à-dire des vins exotiques, qui  20° centésimaux. Le malaga, le porto, re­
               s’exerce dans le département de l’Hérault,   çoivent, en outre, pour les rendre plus
               à Cette, à Mèze, à Narbonne, ainsi que dans  ! liquoreux, une certaine quantité de moût
               quelques parties de la Bourgogne, consti­ i non fermenté, concentré par l’évaporation.
               tue une des branches les plus importantes   On colore ensuite le vin en rouge avec des
               de l’industrie du midi de la France. D’après  baies de sureau.
               M. Camille Saint-Pierre, directeur de l’é­  Ainsi, ces vins ont reçu, tout à la fois, un
               cole d’agriculture de Montpellier, 400,000  grand excès d’alcool et une forte dose de
               hectolitres des meilleurs vins du Midi sont  sucre. Le vin rouge Ae Priorat de Tarragone
               transformés chaque année en vins d’imita­  s’obtient en faisant macérer les grains de
               tion, et il faut distiller 300,000 autres hec-   raisin de l’espèce dite grenache, quand ils
               to'itres de vins inférieurs pour fournir l’al­  sont très-mûrs, dans 12 pour 100 de leur
               cool nécessaire au vinage de ces vins ,  ’ poids d’alcool marquant 86° centésimaux,
               c’est-à-dire pour renforcer leur titre alcoo­ | soutirant le liquide au bout d’un mois et la
               lique .                                   laissant vieillir.
                 L’industrie des vins imités n’est point,   Voilà comment s’obtiennent tous ces vins
               comme on le pense généralement, une œu­   alcooliques et sucrés, si recherchés aujour­
               vre de falsification. Les maisons de Cette,   d’hui en Amérique, en Angleterre et en Rus­
               de Mèze et de Narbonne vendent leurs pro­  sie. Ce sont moins des vins que des liqueurs-
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