Page 277 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE VIN                                     271

           lement, ensuite l'ouvrier, se tenant devant   Le dégorgeur prend une bouteille et la
           les pupitres, prend chaque jour une bou-  tient renversée sur son avant-bras gauche.
                                                     Avec une pince , dite patte de homard, il
                                                     enlève le crochet en fer qui retient le bou­
                                                     chon, lequel commence aussitôt à céder à la
                                                     tension intérieure. Il le maintient avec l’in­
                                                     dex de la main gauche, et, le saisissant avec
                                                     la pince qu’il tient de la main droite, il ap­
                                                     puie contre sa poitrine le fond de la bou­
                                                     teille. Le bouchon part et une partie du li­
                                                     quide s’élance dans un tonneau à dégorger,
                                                     placé au-devant de l’ouvrier et sur les flancs
                                                     duquel on a pratiqué une large ouverture
                                                     (fig. 176). L’explosion chasse complètement
                                                     le dépôt. Alors l’ouvrier dégorgeur relève
                                                     un peu la bouteille qu’il ne cesse de tour­
                                                     ner dans ses mains, pour activer la formation
                                                     de la mousse : il passe le doigt sur le goulot
                                                     et au milieu même de la mousse, pour dé­
                                                     tacher les impuretés qui peuvent adhérer
                                                     encore au goulot après l’explosion, et qui
                                                     sont alors chassées entièrement par le vin.
                                                     Cette opération terminée, il ferme la bou-

           Fig. 174. — Pupitre pour mettre sur pointe les bouteilles I
                       de vin de Champagne.


           teille de la main droite, une autre de la
           main gauche, et, sans les tirer de leurs
           trous, il leur donne une brusque secousse
           qu’on appelle le coup de poignet. En quit­
           tant les bouteilles, il les pose tantôt un
           peu à droite, tantôt un peu à gauche, en
           les ramenant petit à petit vers la position
           verticale.
             La figure 175 représente les bouteilles de
           Champagne mises en pointe sur \e pupitre.
             Un ouvrier habile peut mettre ainsi sur
           pointe chaque jour trente mille bouteilles.  Fig. 175. — Bouteilles de vin de Champagne mises sur
             Cette opération dure trois mois. Au bout                 pointe.
           de ce temps la bouteille est placée tout à
           fait verticalement dans le pupitre. Alors le  teille avec un vieux bouchon, et la passe à
           dépôt, complètement détaché des parois, est  l’ouvrier chargé d’y introduire la liqueur.
           descendu sur le bouchon, où il forme quel­
           quefois une épaisseur de plusieurs centimè­  Qu’entend-on par liqueur, dans la fabri­
           tres. On peut alors dégorger.             cation des vins de Champagne ?
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