Page 273 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE VIN.                                    267

       ]e vin est donnée par le premier degré de  j les sens, une élasticité régulière et parfaite ;
       flottage, et celle qu’on devra ajouter à ce vin   une différence même assez faible dans cette
       pour obtenir une bonne mousse est indi­   élasticité selon les parties du bouchon, ne
       quée par la quantité de sirop qu’on a été   lui permettrait pas de rester cylindrique et de
       obligé de mettre pour que le flotteur arrive   fermer exactement. Si un des derniers dépôts
       au zéro.                                  faits par la sève du liège, existe dans le bou­
         Le sirop qui sert au sucrage des vins de  chon, le vin le dissout et le contenu de
       Champagne, ainsi qu’à l’épreuve que nous  la bouteille est perdu. Ce défaut cause sou­
       venons de signaler, se compose de sucre  vent de grandes pertes aux fabricants.
       candi dissous dans son poids de vin de Cham­  Pour donner au liège toutes les qualités
       pagne.                                    requises, on le traite par une solution bouil
         On introduit ce sirop, en quantité déter­ ! lante de tartre, puis par la vapeur d’eau, à
       minée par l’opération que nous venons de   une certaine pression. Le tartre des vins
       décrire, dans le tonneau qui contient le vin,   rouges communique au liège une teinte ro­
       puis on le met en bouteilles et on bouche  sée, qui est très-recherchée.
       les bouteilles avec des appareils mécaniques   La difficulté de trouver de bons bouchons
       semblables et souvent même identiques à  a fait faire mille essais pour s’en passer;
       ceux que nous avons représentés et figurés   mais toutes ces tentatives ont échoué. On
       en parlant du bouchage de l’eau de Seltz  a essayé, pour tirer parti de tout le liège, de
       dans le volume précédent de cet ouvrage (1).  composer un bouchon de l’assemblage de
         Les bouchons de liège dont on se sert pour  deux moitiés différentes, en les collant, avec
       le vin de Champagne, ont 6 centimètres de   l’attention de choisir les deux moitiés bien
       hauteur, sur 3 centimètres de diamètre. On   saines ; mais ce moyen a été abandonné,
       les fixe à l’aide d’une griffe, ou bride, com­  par suite de la difficulté de trouver une
       posée d’une tige flexible en fer étamé, qui   bonne matière adhésive. La gutta-percha
       passe sur le bouchon et vient s’agrafer sur  qui a servi pendant quelque temps à réunir
       le rebord du goulot de la bouteille.      les deux portions de liège, ne résistait
         Le choix des bouchons pour les vins mous­  pas à l’action du liquide vineux et sucré.
       seux est une affaire de grande importance.   Avant de se servir des bouchons, il faut
       En Champagne, des capitaux considérables  les faire tremper, pendant une nuit, dans
       sont engagés dans ce commerce. Les mar­   l’eau froide. On les jette dans l’eau bouil­
       chands de bouchons font rechercher partout   lante, si l’on est pressé. Ils acquierrent ainsi
       des lièges ayant les qualités convenables. On  toute l’élasticité convenable, mais en se re­
       remplacera très-difficilement les lièges d’Es­  froidissant ils deviennent plus durs que ja­
       pagne, aujourd’hui presque épuisés. Les  mais. On emploie ce moyen pour faire servir
       forêts de l’Algérie avaient fait naître des  les vieux bouchons.
       espérances, qui ne se sont pas complète­    Quand les bouteilles sont remplies et bou­
       ment réalisées.                           chées, on les dispose en tas.
         L faut que les bouchons soient complète­  Ces tas connus en Champagne sous le nom
       ment sains: sans cela, la pression, poussant  de treilles (fig. 171) sont très-habilement
       le liquide jusque dans les profondeurs du  construits. On fait d’abord une petite pile
       liège, ce corps serait attaqué. Il faut ensuite  de 5 lattes à l’arrière du tas et on établit une
       que les fibres du liège possèdent, dans tous  première rangée de bouteilles dont les cols
                                                 reposent sur les Jattes. Pour empocher les
        (I) L’fau de Seltz, tome Iil, page 4i3, figures 189 et
       199.                                      bouteilles extrêmes des’écarter, on les mair.-
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