Page 274 - Merveilles Industrie Tome 4
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MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 lient avec une petite cale formée d’un frag­  le ferment, de manière à permettre, par la
                 ment de latte ou de la moitié d’un bouchon  suite, au vin de se conserver limpide et de
                                                           supporter les transports par mer, est d’ha­
                                                           bitude très-régulière. Mais parfois elle est
                                                           brusque et quelquefois elle devient tumul­
                                                           tueuse. Alors elle fait éclater les bouteilles,
                                                           malgré l’énorme épaisseur du verre ; et la
                                                           cave retentit- de détonations qui ébranlent
                                                           les treilles, et occasionnent des pertes pou­
                                                           vant aller, en quelques heures, jusqu’à vingt-
                                                           cinq pour cent.
                                                             La température et le temps orageux ont
                                                           une grande influence sur cette fermenta­
                                                           tion. Aussi prend-on d’avance les précau­
                                                           tions nécessaires pour pouvoir faire régner
                 coupé en biais ; on laisse entre chaque bou­  dans les caves la température la plus favo­
                 teille l’espace suffisant pour loger le col d’une  rable à une bonne fermentation. C’est en vue
                 autre bouteille, c’est-à-dire environ 5 centi­  de ce résultat que sont construites les caves,
                 mètres. On pose alors une latte sur le corps  dont il est temps de donner la description.
                 d es premières bouteilles et on fait une seconde
                 rangée de bouteilles dont le corps repose sur   Les caves qui servent à la conservation
                 la première pile de lattes, et le goulot sur la  des treilles de bouteilles, sont creusées dans
                 latte qu’on a posée sur le corps de la pre­  le banc de craie qui forme le sous-sol des
                 mière rangée. On continue ainsi les rangées  plaines de la Champagne, et qui en consti­
                 en calant avec un morceau de liège les bou­  tue également les coteaux. Ces caves ont or­
                 teilles qui se trouvent aux extrémités et on  dinairement trois étages, surmontés d’un
                 arrive à des hauteurs de 20 à 25 rangées  cellier. Les trois étages sont divisés en inter­
                 sur 10 ou 11 rangs de bouteilles de profon­  minables corridors, qui ont, parfois, plu­
                 deur.                                     sieurs kilomètres d’étendue. Le nombre des
                   Avec ces treilles, à hauteur d’homme, on   bouteilles que l’on y conserve se compte par
                 construit des rangs de bouteilles, entre les­  centaines de mille et quelquefois par mil­
                 quelles on marche, pour les surveiller. On  lions. Ces étages communiquent entre eux
                 peut prendre une des bouteilles de ces treil­  au moyen de puits verticaux, par lesquels on
                 les, l’examiner et la replacer, sans déran­  fait descendre et monter, avec des treuils,
                 ger les autres. Un ébranlement communi­   les tonneaux, les bouteilles vides, etc. Ces
                 qué à la masse, n’entraîne pas la casse des  puits sont pourvus de grilles en fer et de
                 bouteilles voisines.                      volets qui permettent de les fermer à vo­
                   Les bouteilles doivent demeurer deux ou   lonté. Des fenêtres existent à chaque palier,
                 trois années en cave. Ce long intervalle de  de sorte que tous les caveaux peuvent être à
                 temps est nécessaire pour que la fermenta­  volonté aérés, éclairés ou fermés.
                 tion du sucre que l’on a ajouté soit complète,   La température des caves est de 4- 5
                 et que le vin soit devenu mousseux au degré   à -|- 15°.
                 convenable.                                 On laisse d’abord les bouteilles en treil­
                   La fermentation qui doit convertir le su­  les dans les celliers, pour développer la
                 cre en alcool et acide carbonique, et détruire   mousse. Lorsque après un certain temps, la
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