Page 28 - Merveilles Industrie Tome 4
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22                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.                                                                      LE PAIN ET LES FARINES.                               23

                      La boulange est composée, comme nous    qui sert de tamis, est composée de tissus
                    l’avons dit, de trois parties : la farine fine,   de différente finesse A, A', A", A'", pour
                    les gruaux et le son. En sortant des meules,   laisser passer, selon leur grosseur, les pro­
                    elle tombe dans un cylindre à parois pleines,   duits de la mouture, qui sont reçus dans les
                    d’où elle est poussée par des palettes dans  caisses B, B', B", B"'.
                    une vis sans fin. Celle-ci, à son tour, conduit   Le résidu qui est retenu à l’intérieur
                    la boulange à une chaîne à godets, et cette   du blutoir, est le son, c’est-à-dire la partie
                    dernière entraîne le produit de la mouture,   corticale ou enveloppe du grain. 11 sort par
                    pour le déverser dans la chambre du ràteau-  le bas du blutoir et est repris par une chaîne
                    refroidisseur. C’est une cavité prismatique ou  à godets, qui le conduit à un second blu­
                     cylindrique, en bois, dans laquelle une sorte  toir, composé d’une étoffe de laine et qui le
                     de râteau raclant le sol, tourne autour d’un   sépare en diverses catégories : gros son, petit
                     axe vertical. Le râteau est incliné de telle  son, recoupes et remoulage.
                     sorte que la boulange, avant de quitter cette   Dans les bons moulins, au lieu de s’a­
                     chambre, décrive une longue spirale.     monceler dans les cases, la farine tombe
                       La farine arrive ainsi au blutoir, qui a  sur des toiles sans fin, qui la portent aux
                     remplacé le bluteau des anciens moulins.  ensacheurs.
                       Le bluteau était un long sac en soie ou en
                     étamine, qui était sécoué, à l’intérieur d’une   Le procédé de mouture que nous venons
                     huche, par la batte. La balte frappée par une   de décrire est celui qui est en usage aux
                     croisée disposée sur le gros fer qui formait  environs de Paris. Il consiste, on le voit, à
                     l’axe de la meule tournante, produisait le  écraser le blé et à séparer les divers pro­
                     classique tic-tac du moulin, aujourd'hui dis­  duits de la mouture, sons et farines, au
                     paru, au moins dans les grandes meuneries.  moyen de blutoirs convenables.
                       La mécanique moderne a remplacé cet      Ce système de mouture est connu sous
                     appareil primitif et assourdissant par une  le nom de mouture américaine. Il est pra­
                     carcasse de bois de la forme d’un prisme  tiqué au moyen de meules de l“,30 de             nus ainsi, on a des farines de deuxième,   plus écartées quelles ne le sont dans la
                     hexagonal, et dont les arêtes sont des trin­  diamètre, faisant 120 tours par minute. 11   de troisième, de quatrième gruau et en­  mouture américaine.
                     gles de bois. L’axe de ce prisme est formé  a remplacé l’ancien procédé dit mouture        fin des issues appelées remoulages ou re­  La boulange qui sort des meules, tombe
                     par un arbre de bois réuni à la carcasse par  économique.                                  coupes.                                  dans un blutoir en étamine. La farine à
                     l'intermédiaire d’un système de bras. Le   La mouture dite économique était prati­           100 kilogrammes de blé, soumis à la mou­  vermicelle, ou petit blanc, se sépare du mé­
                     blutoir est incliné ; il tourne sur des touril­  quée autrefois en France, d’une manière   ture économique, donnent, en moyenne,    lange de son et de gruaux, qui, versé dans
                     lons en fer, dans un coffre en planches,   générale, et l’on conserve même ce procédé      66 kilogrammes de farines blanches, 8kil,33   une bluterie, abandonne séparément des
                     divisé en plusieurs cases. La carcasse du   dans les provinces et dans quelques petites    de farines bises, et 23kil,32 d’issues. Il y a   gruaux dits fins finots, des gruaux moyens
                     blutoir est recouverte de soies qui sont de  usines de campagne. Les meules employées      2kil,35 de déchets.                      et des gros.
                     moins' en moins fines, du haut en bas. A  à cet usage ont 2 mètres de diamètre et font       La mouture économique convient pour      On sépare la semoule des gruaux et des
                     chacune d’elles correspond une case du  55 à 60 tours par minute. Le blé est introduit     tous les blés. La mouture américaine s’ap­  recoupes, au moyen d’un sas que l’on
                     coffre. La succession de ces divers tissus, de  dans une trémie, qui le verse entre les deux   plique mieux aux blés tendres et aux blés   tourne horizontalement, en lui imprimant à
                     finesse décroissante, permet de séparer et de   meules, où il est grossièrement concassé. La   demi-durs.                           chaque tour un mouvement de bas en haut.
                     recevoir séparément, dans les cases du coffre,   mouture tombe alors dans le bluteau, qui    La mouture a gruaux demande des blés   La semoule, par l’effet de cette agitation
                     les diverses parties de la boulange, depuis   sépare la farine et les gruaux du son. Ces   durs ou demi-durs. Elle sert à préparer la   systématique, passe à travers le sas.
                     les farines les plus fines, jusqu’aux gruaux  premiers gruaux, remoulus, donnent une
                                                                                                                semoule et les belles farines avec lesquelles   100 kilogrammes de blé, moulus à gruaux
                     qui seront plus tard repassés sous les meules.  farine de premiers gruaux et des seconds   on fait les pains de luxe. Pour obtenir beau­  sassés, donnent, en moyenne, les produits
                       La figure 16 représente le blutoir ordi­  gruaux. En renouvelant le même traite­
                                                                                                                coup de gruaux, il faut que les meules soient  suivants ;
                     naire des moulins à blé. La carcasse de soie   ment sur les produits successivement obte-
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