Page 32 - Merveilles Industrie Tome 4
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26                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                    différentes parties d’un vaste bâtiment à  d’Angleterre ont pris domicile dans notre
                    plusieurs étages. Dans le sous-sol se trouve  pays, et ont fini par constituer « une industrie
                    la force hydraulique, c’est-à-dire la turbine  exclusivement française, d’anglaise qu’elle
                    qui utilise la chute d’eau. Près de la turbine   était auparavant (1). »
                    est installée une machine à vapeur, avec son   Les moulins de Saint-Maur de MM. Dar­
                    fourneau, pour remplacer la force hydrauli­  blay, furent démontés en 1864, la ville de
                    que, quand elle vient à manquer, ou pour  Paris ayant, à cette époque, acheté cette
                    suppléer à son insuffisance, à l’époque des  usine, pour appliquer la chute de la Marne
                    basses eaux. Aux étages supérieurs sont logés  à l’élévation des eaux de cette rivière, et
                    les gros mécanismes servant au nettoyage  pour construire la magnifique usine hydrau­
                    que le grain doit subir avant d’être amené  lique de Saint-Maur, que nous avons décrite
                    sous les meules. Là, se trouvent les cri-  et représentée dans la Notice sur l’Industrie
                    bleurs, les tarares, en un mot les instru­  de l’eau, qui fait partie du tome IIIe de cet
                    ments que l’on a jugés les plus propres au  ouvrage (2).
                    nettoyage du blé. Au rez-de-chaussée ou au   Le matériel de meunerie et de farinerie,
                    premier étage sont les six ou dix meules,   transporté de Saint-Maur à Corbeil, a reçu,
                    disposées circulairement sur le beffroi et  pour cette nouvelle installation, les disposi­
                    recevant, par des engrenages ou par des  tions les plus avantageuses. Cette immense
                    courroies, le mouvement des turbines ou de  usine comprend aujourd’hui quarante pai­
                    la machine à vapeur. Au même niveau sont  res de meules, disposées sur dix beffrois cir­
                    les ramasseurs de boulange et les caisses qui  culaires, mises en action par quatre tur­
                    reçoivent le son. Une noria, ou chaîne à go­  bines du système Fourneyron, de la force
                    dets, élève les produits au deuxième ou au  de 180 chevaux.
                    troisième étage, occupé par la chambre à    La figure 19 (page 29) représente l’un des
                    farine et le râteau à sécher. Au quatrième  quatre ensembles des moulins de Corbeil. Ces
                    étage sont les bluteries, les coffres à blé, les  ensembles sont composés de dix meules cha­
                    machines pour remplir les sacs, etc. Un plan  cun, qui répètent les mêmes dispositions,
                    incliné, ou un descenseur, amène hors de la  de sorte qu’il suffit d’en décrire un pour
                    fabrique les sacs pleins de farine.       faire connaître les trois autres. Nous allons,
                      11 existe dans chaque pays de grands  grâce à cette figure, pouvoir suivre un sac
                    établissements pour la fabrication de la  de blé, depuis son arrivée dans l’usine, jus­
                    farine sur une grande échelle. Pour donner  qu’à la sortie de la farine en sacs.
                    une idée exacte de ces établissements, nous   Dans une salle, dite de réception, le blé
                    décrirons les moulins Darblay, c’est-à-dire  acheté au commerce, est soumis à un exa­
                    les moulins de Corbeil, appartenant à  men attentif, pour reconnaître ses défauts,
                    MM. Darblay, et dans lesquels sont em­    apprécier ses qualités et prévoir son rende­
                    ployés tous les procédés de mouture et tout  ment en farine.
                    l'outillage dont l’expérience a établi la    Quelles que soient ses bonnes qualités, le
                    supériorité et l’économie.                grain accepté est toujours mélangé d’une
                      Les moulins de Corbeil sont les anciens  quantité de corps étrangers dont il im­
                    moulins de Saint-Maur, qui appartenaient à  porte de le débarrasser, parce qu’ils altére­
                    MM. Darblay. Créée en 1838, la grande usine  raient les organes mécaniques du moulin,
                    de Saint-Maur a été l’origine des progrès   (1)  Rapports du jury international sur l'Exposition
                    qu’a faits de nos jours la meunerie fran­  universelle de 1862. Rapport de M. Polier sur les farines
                                                              et la meunerie.
                    çaise. C’est là que les procédés importés   (2)  Page 340, figures 148, 149, 150.
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