Page 27 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE PAIN ET LES FARINES.                                21

        quand elles tournent et rencontrent les  rayons, tandis que le diamant produit, dans
        grains de blé entre leurs saillies.       son mouvement de rotation, des sillons pa­
          Au bout de sept à huit jours de travail,   rallèles.
        lorsque la qualité de la pierre siliceuse est   Hâtons-nous de dire que ces outils n’ont
        bonne, et tous les quatre jours avec des  été adoptés que dans un petit nombre de
        pierres tendres, il faut rhabiller les meules,  meuneries. Presque partout le rhabillage s’o­
        c’est-à-dire refaire, à la surface des meules,   père au marteau, par la main de l’ouvrier.
        les sillons que le frottement à détruits.   Il est nécessaire que les meules soient
        Comme ce travail exige beaucoup de temps,  toujours parfaitement équilibrées et que
        et expose les ouvriers à absorber, par la res­  l’intervalle qui existe entre elles soit inva­
        piration, les poussières siliceuses, on a essayé  riable. Pour cela, on ménage sur quatre
        d’opérer le rhabillage des meules par un  points diamétralement opposés des meules,
        moyen mécanique. M. Ch. Touaillon a con­  des capacités de même dimension, et on
        struit un bon rhabilleur mécanique.       remplit les creux avec du plomb, dont on
          Cet instrument se compose d’un marteau  augmente ou diminue la quantité, de ma­
       dont le manche s’engage dans une vis à  nière à parfaire l’équilibre des deux meules.
       béquille, qui lui donne une inclinaison à    M. Rolland, de la Ferté-sous-Jouarre, ap­
       droite ou à gauche, et lui permet de tracer  plique contre les cercles en fer qui entourent
       un arc de cercle. Le marteau repose sur un  la meule de pierre, des poids que l’on fait
       chariot qui roule sur un chemin parallèle à  monter ou descendre entre des poulies, par
       une règle directrice qui est appliquée sur  des vis verticales, ce qui équilibre parfaite­
       la meule. L’ouvrier dirige le mouvement en  ment la meule.
       avant ou en arrière de ce chariot, au moyen   L’air remplit un rôle important dans l’o­
        d’un volant à touches qui donne aux coups  pération de la mouture. Quand les meules
       de marteau l’éloignement qu’ils doivent  tournent, l’air aspiré par leur ouverture
       avoir. L’ouvrier agit avec la main gauche  centrale, est chassé à la circonférence, par
       sur les touches du volant, dont la course  l’effet de la force centrifuge. Il faut que
       est régularisée par des arrêts. Son bras droit  l’air ainsi chassé, soit remplacé par de l’air
       étant posé sur un support fixe, il soulève le  frais ; sans cela la mouture se ferait lente­
       manche du marteau, le laisse retomber sur  ment et le produit s’échaufferait. C’est pour
       la pierre, et de la main gauche il fait avan­  répondre à cette indication qu’on adapte à
       cer le chariot le long de la règle directrice  la plupart des meules un ventilateur, qui
       jusqu’à ce que la ligne soit entièrement tra­  insuffle de l’air par X'œillard des meules.
       cée. Le marteau frappe du centre à la cir­  Ce ventilateur est généralement placé à l’ex­
       conférence, puis revient de la circonférence  trémité d’un carneau, muni d’un tambour
       au centre, suivant une ligne parallèle à la  auquel viennent aboutir des conduites en
       première, et trace ainsi les sillons dans la  bois, qui aspirent l’air qui s’échappe des
       pierre.                                   meules. Cet air chargé de folle farine est
         M. Samuel Golay, mécanicien suisse,     aspiré par le tambour, et la folle farine se
       exécute le rhabillage mécanique des meu­  dépose sur des étagères, ou s’échappe par
       les au moyen d'un diamant noir tournant  des cheminées spéciales.
       rapidement sur un axe horizontal. Ce dia­   Suivons maintenant le produit de la mou­
       mant est monté sur une fraise posée elle-  ture, c’est-à-dire la boulange, suivant le
       meme sur un chariot qui s’avance sur des  terme qui sert à désigner le blé écrasé et
       glissières parallèlement à la ligne des  sortant des meules.
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