Page 213 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE LAIT ET SES PRODUITS.                               207


         écrit sur Roquefort, dans un travail publié  à atteindre, que dans les contrées voisines
         eli 1765, dans les Mémoires de l'Académie  de Roquefort. Les brebis sont nourries aussi
         des sciences de Paris, portait le nombre des  abondamment que possible, mais sans gas­
         bêtes à laine entretenues de son temps sur  pillage ni perte. L’hiver, elles ont au râte­
         le Larzac ou les vallons environnants, à  lier du sainfoin ou delà luzerne, auxquels
         150,000, dont 50,000 brebis laitières. En  on ajoute souvent, comme boisson, de l’eau
         1867, ce nombre s’élevait à 400,000 environ,   blanchie avec de la farine d’orge, qui nour­
         dont 250,000 brebis laitières et 150,000 bé­  rit et rafraîchit à la fois le bétail. A la
         liers, agneaux ou moutons. En 1875 il était  nourriture à la crèche s’ajoute celle que les
         de 700,000, dont 425,000 brebis laitières.  brebis trouvent dehors pendant quelques
         Au temps de Marcorelles, la moyenne du  heures de sortie, qui ont pour but de les
         rendement du lait était de 6 kilogrammes  égayer et de les faire respirer un air pur,
         par brebis ; il est aujourd’hui en moyenne  plutôt que de les nourrir.
         de 14, c’est-à-dire de 12 kilogrammes sur le   Dans la belle saison, les brebis paissent
         plateau et de 16 dans les vallons où le cli­  sur des prairies artificielles semées en vue
         mat est plus doux, l’herbage meilleur et  du pâturage.
         plus abondant.                              On trait les brebis deux fois par jour, le
           Du plateau du Larzac et des environs  matin et le soir. Tout le personnel de la
         de Roquefort, où les brebis du Larzac et  ferme s’y emploie, valets et servantes. Il
         la fabrication du fromage étaient autrefois  faut sept personnes pour traire un trou­
         bornées, elles s’étendent aujourd’hui dans  peau de deux cents brebis.
         tout l'arrondissement de Saint-Affrique,    Pour traire, les valets sont assis sur des
         dans une grande partie de celui de Milhau,   sellettes fort basses. Devant eux, sont posés
         dans une partie de celui de Lodève (Hérault),   par terre, des bassins en tôle étamée, appe­
         dans le canton de Canourgue (Lozère), dans  lés seilles, où ils reçoivent le lait. Les brebis
         celui de Trêves (Gard), dans quelques can­  se placent entre les jambes de la personne
         tons du département du Tarn.              chargée de les traire, et à portée de sa main.
           Le prix moyen d’une brebis âgée de trois   Pour activer la mulsion, celle-ci frappe le pis
         ans, est de 25 francs. Les vieilles brebis,   deux ou trois fois, avec force, du revers de la
         qu’on réforme à sept ou huit ans, se vendent  main. On imite ainsi l’agneau lui-même, qui
         15 francs.                                frappe avec la tête le pis de la brebis quand
           On décompose ainsi qu’il suit le produit  le lait cesse d’ê tre abondant : c’est ce que
         moyen que donne, par an, une brebis bien  l’on appelle soubattre.
         soignée et bien nourrie :                   Dans les fermes dont les habitants sont
                                                   nombreux, la brebis passe entre les mains de
               Lait............................................. 24  francs.  deux personnes : la première commence la
               Laine...........................................  5,50
               Agneau....................................... 5  traite, la seconde soubat et termine la traite.
                                                     La traite finie, le lait est porté à la ferme.
                        Total.................. 34,50
                                                   On l’écume, pour enlever les impuretés qui
           A ce produit il faudrait ajouter encore le  peuvent surnager ; on le laisse reposer trois
         fumier, dont les brebis, nourries comme  quarts d’heure, après quoi on le verse dans
         elles le sont, donnent une quantité considé­  un chaudron en le passant à travers un
         rable.                                    linge.
           Nulle part les soins des troupeaux ne sont   On chauffe le lait de la traite du soir plus
         niieux entendus et calculés, en vue du but  ou moins, selon la nature plus ou moins
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