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L’ASPHALTE ET LE BITUME.                               649










































                                Fig. 278. — Une rue de Paris sous Philippe-Auguste.


         et que l’on en fit la séparation avant qu’il fût tout   Hollande), l’épreuve que je me propose d’en faire ne
         à fait refroidi : si le noyau était de bois, il faudroit   sera nullement dangereuse ; le gouvernail d’un bâ­
         le laisser tremper dans l’eau un jour auparavant, et   timent que j’en feroi enduire me servira d’épreuve .
         qu’il fût encore humide quand on couleroit l’as­  c’est la partie du vaisseau la plus exposée aux coups
         phalte. Ce vase, formé comme nous venons de le   de mer, et les vers peuvent l’attaquer des deux cô­
         dire, se polira sans peine avec un fer rouge : le   tés. Ce godron de la maniéré que je le feroi prépa­
         dernier poli s’y fait à froid comme sur le marbre   rer sera aisé à appliquer ; il sera pliant et cependant
         avec la pierre deponce, etc. L’on peut concevoir que   très-lisse, et il ne sera pas possible aux vers d’en­
         l’on ne verroit point, pour ainsi dire, la fin de ce   dommager les bois qui en seront enduils. Si le suc­
         vase : car s’il vient à se casser, on le rejoindra au   cès répond à mon espérance, quels avantages n’en
         feu avec le fer chaud sans qu’il y paroisse la moin­  tirera-t-on pas pour la marine! je crois même que
         dre feslure : j’en ai fait un avec son couvercle; je   l’on ne sera pas obligé d’espalmer un vaisseau go­
         l’ai rempli d’eau salée, et suis certain qu’il n’en a   dronné d’asphalte, il coulera également sur l'eau,
         pas transpiré la moindre goutte : c’est ce qui m’a   et nese chargera pas de coquillage. Ce que j’avance
         convaincu de la force de ce ciment dans l’eau, et de   ici est fondé sur les conséquences que j’ai tirées de
         l’utilité que l’on en peut tirer pour la marine, en   plusieurs épreuves faites en Hollande ; mais ce que
         en faisant du godron : il est vrai que j’avois soudé   je puis assurer est que les rats et les souris ne pour­
         parfaitement le couvercle au vase.        voient vivre dans un vaisseau qui seroit asphalté en
           « Je suis prêta faire en France, quand on le jugera   dedans comme en dehors, rien ne leur étant plus
         à propos, l’expérience de ce godron sur un vaisseau   contraire que l’asphalte, comme je l’ai déjà dit : son
         destiné à un voyage de long cours : comme je ne   odeur prédominante tue tous les insectes : j’en don
         doute point que l’on ne m’objecte les risques que   neroi ci-après une preuve authentique dans un cer­
         l’on coureroit dans un vaisseau, qui auroit été mal   tificat de M. Le Blanc, ministre de la guerre, où
         godronné (quoique je puisse donner des preuves   chacun pourra voir ce qui a été fait par ses ordres à
         de sa bonté par une attestation de la République de  l’HOlel Royal des Invalides. Non-seulement l’huile
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