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644                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.




























                                     Fig. 276. — Sphinx et pyramides de Gliézé (Égypte).


              d’un enduit d’asphalte, ont été transportées   murailles, fut tiré de la ville d’Io, située à huit
              au musée du Louvre. On ne lira pas sans   journées de marche de Babylone, sur une rivière
                                                         peu considérable qui se jette dans l’Euphrate et
              intérêt les détails donnés à ce sujet par   roule avec ses eaux une grande quantité de mor­
              l’historien grec.                          ceaux d’asphalte. »

                « Telle est la grandeur de Babylone, écrit Dio-   La localité, dont parle Diodore, porte au­
              dore de Sicile, bâtie avec une magnificence qui   jourd’hui le nom de Hit. Elle est située à
              l’emporte de beaucoup sur celle des autres villes
                                                         180 kilomètres à l’ouest de Bagdad. Elle
              que nous connaissons.
                « Elle est entourée d’abord d’un fossé très-profond,   fournit encore du bitume.
              très-large et rempli d’eau ; ensuite, d’un mur dont   Le bitume d’Io servait également et sert
              l’épaisseur est de cinquante coudées royales, et la
                                                         encore à rendre imperméables les bateaux
              hauteur de deux cents.
                « Il faut dire ici comment fut employée la terre   de jonc que construisent les riverains de
              retirée du fossé, et de quelle manière on construisit   l’Euphrate.
              le mur.                                      Le nom de bitume de Judée évoque de
                « A mesure que l’on creusait le fossé, la terre qui
              en sortait était immédiatement façonnée en briques,   lointaines traditions. L’incendie de Sodome
              et lorsqu’on en avait disposé un nombre convena­  et de Gomorre, dont il est question dans la
              ble, on les faisait cuire au four.        Bible, fut causé sans doute par une inflam­
                « On bâtissait ensuite avec les briques enduites
              d’une couche d’asphalte chaud, au lieu de simple ar­  mation accidentelle de bitume ou de pétrole.
              gile délayée, en les disposant par assises ; et entre   VJ Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,
              chaque trentième assise, on introduisait un lit de   remontant aux sources de cette tradition,
              tiges de roseaux. On construisit par ce procédé d’a­
              bord les parois du fossé, et ensuite le mur, en con­  fait allusion, en ces termes, à la cause de
              tinuant d’employer le même genre de construc­  l’incendie de cette ville :
              tion. On éleva au sommet du mur et sur ses bords,
              deux rangs de tourelles, à un seul étage, contiguës   « On trouve ce bitume en plusieurs endroits; mais
              et tournées l’une vers l’autre, laissant entre elles   le plus estimé est celui qui vient de la mer Morte,
              l’espace nécessaire pour le passage d’un char attelé   autrement appelée lac Asphaltique, dans la Judée.
              de quatre chevaux. Dans le pourtour de la muraille,   « C’est dans ce lieu qu’étaient autrefois Sodome
              on comptait cent portes de bronze avec les jambages   et Gomorre et les autres villes sur lesquelles Dieu
              et les linteaux en même métal.            fit tomber une pluie de feu, pour punir leurs habi­
                « L’asphalte qui servait à la construction de ces   tants. lln’est pasdit dans l’Écrituresainte,que cet en-
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