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                                                        répandu avec tant de profusion sur la surface de la
                                     Composition chimique.  terre. »
                                  Carbone. Hydrogène. Oxygène.
               Cellulose .. ... ................. . 24  20,0  20,0  La théorie de l’origine organique du bi­
               Bois................................ .   24  18,4  16,4
               Tourbe...........................  25  14,4  9,6  tume est en désaccord avec ce fait, complè­
               Charbon brun............... .   24  13,0  7,6  tement hors de doute, que l’imprégnation
               I.ignile........................... .   24  15,0  3,3  des bitumes s’est faite de bas en haut.
               Houille............................  24  10,0  3,3
               Houille.............................   24  8,0  0,9  M. Delbos s’exprime ainsi dans un mé­
               Albert Coal................... .. 24  15,9  1,6  moire inséré dans le Bulletin de la Société
               Asphalte d’Auvergne .. .   24  17,7  2,2  géologique, qui traite du bitume de Bas-
               Asphalte de Naples.... . 24  14,9  2,0  tennes :
               Bitume du Derbyshîre.,.   24  24,0  0,3
               Bitume d’Idria................   24  8,0  0,0
               Pétrole et naphte......... . 24  24,0  0,0  « Si l’on étudie avec soin les excavations et les
                                                       galeries dans lesquelles on exploite les sables bitu­
                                                       mineux, on ne tardera pas à reconnaître que les
               Faisons remarquer que l’analogie de com­  infiltrations se sont faites de bas en haut, qu’elles
             position chimique n’implique pas l’ana­   ont imprégné toutes les matières incohérentes, et
                                                       qu’elles ont, au contraire, entouré les roches dures,
             logie d’origine. On sait qu’avec des maté­
                                                       les coquilles, etc., sans pénétrer dans leur intérieur.
             riaux très-différents la nature, et, à son   Les choses ne se passeraient pas autrement dans un
             exemple, les chimistes, parviennent à con­  laboratoire de chimie, si l’on soumettait à l’action
                                                       du feu un vase contenant à sa partie inférieure, des
             stituer des produits identiques.
                                                       matières susceptibles de donner, par la distillation,
               Dans bien des cas, du reste, l’hypothèse   des huiles et des goudrons, et dont le reste serait
             de l’origine organique est tout à fait en dé­  rempli de sables froids. »
             faut. On a, par exemple, invoqué en sa
             faveur l’existence du revêtement bitumineux   La théorie organique n’est donc pas en
             dont sont recouvertes, à l’intérieur, les co­  mesure de rendre compte des faits acquis à
             quilles des moules et de certains autres mol­  l’observation.
             lusques dans l’ancien lac de la Limagne.     Théorie volcanique. — Pour expliquer l’o­
             Mais les coquilles qui ont été surprises par   rigine du bitume, quelques géologues admet­
             l’invasion du bitume, n’étaient-elles pas   tent que cette matière s’est formée au sein de
             déjà vides? Et les restes organiques des   la terre, dans ce vaste et mystérieux labo­
             habitants de ces coquilles, ne sont-ils pas   ratoire naturel où s’accomplissent, sous des
             noyés dans des masses de bitume bien su­  pressions et à des températures excessives,
                                                       des réactions qui nous sont inconnues. Les
             périeures à celle qu’aurait pu fournir la dé­
             composition de leur contenu ?             masses en fusion seraient brassées par les va­
               On pourrait faire la même réponse à ceux   peurs tournoyant sur ces flots incandescents.
             qui, à l’appui de la même théorie, ont    On observe dans l’industrie métallurgique
             fait remarquer que le bitume imprègne le   un phénomène du même genre. Les masses
             calcaire des tubes des Phryganes, à Dallet,   de fonte que l’on transforme en acier, sont
             (Auvergne). Cette matière est beaucoup trop   brassées, à la fois par les gaz qui les traversent
             abondante, pour provenir uniquement de la   et par le mouvement de rotation du creuset.
             décomposition du corps de ces insectes.   Selon la théorie géologique qui nous occupe,
                                                       les vapeurs surchauffées provenant du cen­
               « Si les débris organiques ont pu, dit M. Virlet,   tre de la terre, produiraient un effet méca­
             dans quelques cas, donner naissance, par leur dé­  nique analogue, et s’échapperaient entraî­
             composition, à certains carbures d’hydrogène, il
                                                       nant le bitume par les orifices volcaniques,
             paraît bien démontré qu’ils n’auraient jamais pu
             produire la grande quantité de bitume qui se trouve   comme par une série d’évents pratiqués dans
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