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L’ASPHALTE ET LE BITUME.                               635

          Dans le prolongement de la direction que   qu’on l’enlève. Il n’y avait que quinze jours qu’on
        nous avons indiquée, le long de l’Anti-   avait emporté tout le bitume du bassin ; il s’en était
                                                  formé de nouveau et en si grande abondance, mal­
        Liban, se trouvent d’autres calcaires bitu­  gré la gelée, que j’en fis tirer six livres, sans compter
        mineux, dont le plus connu est celui de   tout ce qui, vu sa ténacité, s’était attaché à différents
        Ilasbeva, aux environs des sources du Jour­  corps étrangers. Il y en avait plus d’un doigt d’é­
                                                  paisseur sur l’eau au pied de la montagne, mais
        dain. Une vingtaine de puits qui y avaient
                                                  cette épaisseur allait toujours en diminuant vers
        été creusés à l’époque de la conquête égyp­  l’écoulement du bassin, ce qui prouve que l’eau, en
        tienne, ont fait donner à la localité où se   s’écoulant, en entraîne uneparlie. Toute la cavité de
                                                  la source est tapissée de ce bitume; le lit de terre
        faisait cette exploitation, du reste peu im­
                                                  dans lequel elle se trouve, et qui s’étend vraisem­
        portante, le nom de Bir cl Humar (puits   blablement très-avant dans la montagne, en est
        de bitume).                               entièrement pénétré.
          Outre les gîtes alignés le long de la vallée   « Lorsqu’on a fait enlever l’asphalte, on voit encore
                                                  surnager au-dessus de l’eau du pétrole très-fluide,
        du Jourdain et dont nous venons de parler,
                                                  d’une odeur très-forte et très-pénétrante, mais en
        on rencontre d’autres émanations bitu­    petite quantité. »
        mineuses qui, de Khalwet, entre Hasbeya et
        Rascheya, longeant la chaîne de l’Anti-      Les eaux des puits salifères de la Chine,
        Liban, se poursuivent vers le nord, en tra­  creusés depuis des siècles, au nombre de
        versant la craie, puis se dirigent vers le   10,000 environ, sur un espace de 200 ki­
        nord-est, près de Damas. Ils comprennent,   lomètres carrés, contiennent des matières
        dans leur ensemble, la mer Morte, la Perse,   bitumineuses. Certains puits forés dans la
        la Mésopotamie, la pointe du Sinaï et la   même région, à Tsei-leiou-tsing, émet­
        Montagne de l'Huile, en Egypte.           tent du gaz inflammable imprégné de bi­
          Si de la Palestine nous continuons, vers   tume. Ces puits ont, en général, de 12 à
        l’est, notre exploration des gîtes bitumineux,   15 centimètres de largeur et 500 ou 600 mè­
        nous trouvons en Birmanie, sur les bords   tres de profondeur. 11 y en a quatre, dans
        de la rivière Irawaddy, une étendue considé­  une vallée voisine, qui lancent, avec un ron­
        rable de terrains imprégnés de bitumes     flement effrayant, des gerbes de gaz à une
        dont nous avons déjà parlé, dans les Mer­  grande hauteur. Ce gaz, lorsqu’il est en­
        veilles de la science (1). Nous avons déjà dit   flamme, brûle avec une forte odeur bitumi­
        que ces puits se trouvent à Jenhan Ghaun,sur   neuse.
        la rive gauche du fleuve, et que les Anglais   Dans l’île de Java, on voit, près des vol­
        en ont commencé l’exploitation en 1845.    cans et des sources thermales, le bitume
          Le naturaliste Pallas, chargé par l'impé­  sourdre de terrains tertiaires contenant du
        ratrice de Russie, Catherine 11, de diriger   lignite.
        une expédition scientifique dans les régions   Près des côtes de l’Amérique, dans l’ar­
        orientales de la Russie, eut l’occasion, pen­  chipel des Antilles, l’île de la Trinité, très-
        dant ce voyage, qui dura de 1768 à 1773, de   rapprochée de l’Equateur, contient un lac
        constater l’existence du bitume en Sibérie.   de bitume, dont le docteur Nugent a donne
        Ce bitume sort de la source de Neftenoi-   une description que nous avçns reproduite
        Klioutcb.                                  à la page 178 du volume précédemment
                                                   cité des Merveilles de la science.
          « Le dessus du petit bassin de cette source se
                                                     Les bitumes d’Ennis-Prillen, dans l’Amé­
         couvre, dit Pallas, d’un bitume noir et très-visqueux
         qui a la couleur et la consistance d’un goudron   rique du Nord, sont connus depuis 1853.
        épais; il se reforme en peu de jours chaque fois  L’Amérique du Sud est riche en bitumes.
                                                   De Ilumboldt en a signalé les principaux
          (1) Tome IV, page 180.
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