Page 633 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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63 i.                 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

              nous décrirons les procédés qui servent à   rique, très-près du détroit de Magellan, et,
              l’appliquer à l’industrie.                 dans l’autre sens, la rive nord du Kara-
                                                         Bogaz de la mer Caspienne, le lac Aral, le
                Le bitume existe en Judée, à l’état libre.   lac salé d’Upsanoor, Je détroit de Mats-Maï-
              On le rencontre aussi imprégnant des cal­  enfin, par une coïncidence curieuse, pour
              caires tendres, et constituant, dès lors, la   un cercle passant à Gomorrhe, le premier
              roche asphaltique, ou Vasphalte proprement  jalon rencontré dans l’océan Pacifique est
              dit.                                       l’îlot appelé la Femme de Lot. »
                La plupart des gisements de bitume et      Le lit du Wady Sebbeh, celui du Wady
              d’asphalte de la Judée sont échelonnés, du   Mohawat, puis un foyer d’émanation qui se
              nord au sud, sur la rive occidentale du Jour­  trouve dans la mer Morte, près du Ras-
              dain et sur les bords de la mer Morte. Ils se   Mersed, enfin Nebi-Musa, non loin de la
              succèdent le long d’une ligne droite qui   pointe nord-ouest de cette nappe d'eau, se
              s’allongerait parallèlement à ce cours d’eau   distinguent, le long de la ligne dont nous
              et à ce lac intérieur, depuis la source du   avons déjà parlé, par des émanations bitu­
              Jourdain, dans l’Anti-Liban , jusqu’à la   mineuses.
              pointe méridionale de la mer Morte.          Dans le lit du Wady Mahawat le bitume
                 C’est sans doute de ces gisements que   imprègne les calcaires crétacés, comme s’il
              proviennent les débris d’asphalte que Ton   s’était infiltré dans tous leurs interstices
              trouve répandus au milieu des graviers de   sous l’influence d’une compression exercée
              la rive occidentale du Jourdain, et dont les   par une pompe foulante d’une grande puis­
              riverains ne manquent pas d’offrir quel­   sance. Il sort par les fentes de la roche, aux­
              ques échantillons au voyageur désireux de   quelles il reste suspendu, sous forme de
              conserver un souvenir de son passage dans   stalactites. Il a même pénétré dans les allu-
              ces contrées. Ces fragments ont dû être en­  vions anciennes juxtaposées à ces calcaires
              traînés à la mer Morte ou déposés sur ses   crétacés, car il en a agglutiné les sables et
              rivages par les torrents qui descendent de   les graviers siliceux. Ces agglutinations ont
              ces régions accidentées.                   été disséminées par les eaux sur le trajet
                 Le bitume flotte quelquefois à la surface   de ce dépôt jusqu’à la mer Morte.
              de la mer Morte. Dans ce dernier cas, il a   Plus au nord, le lit du Wady Sebbeh,
              été enlevé par les eaux à des gisements si­  profondément creusé dans un calcaire dolo-
              tués au fond du lac.                       mitique (carbonate de chaux et de magné­
                 M. de Chancourtois, dans la pensée que   sie), passe au pied de la colline de même
               tous les dépôts d’asphalte et de bitume for­  nom. La roche a été imbibée de bitume, qui
               meraient une série de systèmes, coïncidant   en a rempli les cavités et qui s’y est solidifié
               avec les cercles du réseau pentagonal d’Elie   en morceaux noirs et brillants, lesquels for­
               de Beaumont, a rangé les gisements de la   ment avec le calcaire dolomitique une sorte
               mer Morte dans le cercle de l’Araxe. D’après   de brèche d’une nature spéciale.
               un mémoire de ce géologue, inséré dans les   Enfin, à Nebi Musa se trouve un gise­
               Comptes rendus de l'Académie des sciences   ment calcaire bitumineux, que les Arabes
               du 14 août 1863, le cercle de l’Araxe com­  appellent Hajar Musa (pierre de Moïse). Les
               prend « le cours de l’Araxe, le gîte asphal­  Chrétiens de Bethléem la vendent aux pèle­
               tique de la mer Morte, le crochet du Nil à   rins, après l’avoir façonnée en objets de
               Siout, la région du lac Tchad, File Saint-   piété. Ils lui donnent un nom qui signifie
               Thomé, la traversée de la pointe de l’Amé­  « pierre de la mer Morte. »
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